Professeur Inseec SBE, Directeur du MSc, Directeur des établissements de santé

Quelles ont été les avancées majeures de la communication santé les 30 dernières années ?

La communication est inscrite dans la société. La société Française a été profondément bouleversé en 30 ans par au moins trois phénomènes qui ont des effets directs ou indirects sur la communication santé.

Sur un plan sociologique global, notre pays se voit marqué par une hétérogénéité culturelle, sociale et géographique croissante et à une défiance élevée envers les institutions. La santé en général et l’hôpital, en particulier, étant relativement préservé de cet état de méfiance.

Par ailleurs, en 30 ans, la société Française a été aussi imprégnée par le vieillissement de la population,  la prise de conscience de l’allongement de la vie et l’explosion des maladies chroniques.

Enfin, la communication santé se retrouve aussi transformé par l’évolution des relations soignants/patients/aidants. On assiste à l’émergence de la figure du patient expert ou du patient partenaire, mais aussi à la reconnaissance progressive et difficile du proche aidant. Dans cette même optique,  l’attrait pour les médecines complémentaires ou alternatives relève aussi d’une volonté des personnes, malades ou non, d’être plus autonome dans leur parcours de santé.

Quelles devraient être les axes à privilégier en communication santé les 30 prochaines années ?

Sans doute que la communication devra être de plus en plus accompagnante et adaptée à la situation singulière de la personne. Les technologies émergentes pourraient tout aussi bien favoriser ces démarches personnalisées que conduire à une déshumanisation de la relation. De même, selon la vitalité citoyenne de la société, les technologies permettrons à chacun d’individualiser son rapport au soin et faciliteront les démarches de prévention, ou entraîneront une surveillance accrue des personnes et un risque de stigmatisation des plus fragiles.

Au delà des effets des innovations technologiques, la communication santé évoluera aussi en fonction de la capacité, ou non, des malades et des proches de malades à s’exprimer dans l’espace public, à s’instituer comme force collective de pression ou a développer des initiatives mutualisées de proximité  pour améliorer concrètement leur situation et leur visibilité.

Sans doute, dans les prochaines années la communication sera aussi bousculée par une meilleure capacité des professionnels du soin à s’exprimer, à utiliser les réseaux sociaux, à participer du débat public.

Enfin, si la société Française se tourne vers une approche du care, faisant la part belle à la prévention globale et à un environnement plus adapté et plus bienveillant aux personnes fragilisées, la communication santé devra aussi effectuer sa révolution culturelle, en s’inscrivant dans une logique d’accompagnement des personnes et de soutien à leurs démarches et initiatives pour améliorer leur qualité de vie et leur insertion dans la société.