Marie-Christine LANNE

Directrice de la communication externe et des engagements – Generali

Quelles ont été les avancées majeures de la communication santé dans les 30 dernières années ?

Comme dans tous les secteurs économiques, je pense que le principal phénomène qui a touché le secteur de la santé est l’explosion d’internet et la protubérance d’informations à caractère médical disponibles aujourd’hui véhiculées par le web et les réseaux sociaux. La triangulaire entre les Médecins (prescripteurs), l’Etat & assureurs (financeurs), les laboratoires (fournisseurs de médicaments) est aujourd’hui questionnée par ce nouvel environnement et se recentre autour des personnes qui ont pris davantage de pouvoir.

Grâce au web, les individus et les patients se sont lancés dans une recherche active d’informations santé exacerbée par plusieurs facteurs :

  • une perte de confiance généralisée au sein de la Société et la volonté consécutive de trouver soi-même des informations pour mettre en balance la parole des experts,
  • différents scandales touchant à certains grands laboratoires ayant fait l’objet de fortes retombées médiatiques qui ont alimenté la méfiance,
  • la volonté grandissante de chacune et chacun d’être acteur de sa santé et son bien-être

Les sujets de santé sont aujourd’hui plébiscité par le public – en témoigne la forte audience des sites comme Doctissimo – dans un contexte de désertification médicale qui accentue le besoin d’informations.

Les efforts conjugués des pouvoirs publics et des acteurs privés de la santé de communication en matière de prévention santé sont aussi une tendance forte des années passées qui va se renforcer grâce aux avancées technologiques (Intelligence artificielle, objets connectées, data…).

Quelles devraient être, selon vous, les axes à privilégier dans la communication santé dans les 30 prochaines années ?

Plusieurs facteurs me semblent importants dans la communication à venir sur les enjeux de santé :

  • La personnalisation de la communication permise par la collecte de data et l’intelligence artificielle en réponse au besoin grandissant du public d’être acteur de sa santé

La collecte des données va s’accélérer avec la généralisation de l’utilisation des objets connectés soutenue par la tendance du « quantified self » (auto monitoring). Les personnes disposent désormais de données quantifiées sur l’évolution de leur santé et de leur forme et veulent être acteur de leur santé. Une tendance que les assureurs commencent d’ailleurs à encourager avec des programmes d’incentive. Ces données quantifiées sur leur santé ne donnent pas pour autant à chacun la compétence de bien les analyser. Les acteurs de la santé auront donc avantage à faire preuve de pédagogie dans leurs formats de communication pour répondre au besoin grandissant de compréhension, de transparence et de clarté du public.

 

La prise en compte des critères d’éthique et de traçabilité alors que les impacts du dérèglement climatique et de la pollution sont grandissants en matière de santé: multiplication des épisodes de sécheresse et de canicule, intrusion des espèces nocives (virus liés aux insectes…), pertes en biodiversité impactant l’alimentation sont des répercussions du changement climatique qui auront un impact sur la communication autour des questions de santé. La pollution qui se répand dans tout l’environnement aussi. Des associations de médecins telles que l’Association Santé Environnement France (ASEF) agissent pour sensibiliser les décideurs politiques, les médecins et le public pour prémunir la population des effets de la pollution dont la surmortalité et les maladies respiratoires sont les principaux effets. La croissance forte de l’alimentation Bio témoigne parallèlement de la volonté du public d’avoir le sentiment de consommer des produits sains et traçables. Un marqueur qui me parait également important pour la communication santé en général.

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