En dépit du tabou qu’elle engendre, l’incontinence, qu’elle soit urinaire ou fécale, n’en demeure pas moins un enjeu de santé publique majeur, puisqu’elle touche près de 4 Millions d’individus en France, hommes et femmes confondus, à tous les stades de la vie.

D’un point de vue fonctionnel, elle se traduit par la perte involontaire d’urine ou de selles, dont l’étiologie peut être multifactorielle.

Tout d’abord, elle peut être chronique, induite par une pathologie d’ordre congénital, ou résultant de séquelles de nature traumatiques, chirurgicales…

Elle peut également être transitoire, liée à des événements spécifiques : énurésie infantile, suites de couches, consécutive à un traitement médicamenteux…

  • Quel public concerné ? :

Hommes et femmes, avec des disparités selon les formes d’incontinence, et les tranches d’âge :

  • Incontinence urinaire [1]:

Enfants, filles et garçons confondus, sont frappés par l’énurésie infantile (incapacité à contrôler les fuites urinaires nocturnes).

10 à 20% des femmes de moins de 65 ans seraient sujettes à de l’incontinence urinaire.

Après 80 ans, proportion à peu près identique d’hommes et femmes atteints (45%)

  • Incontinence fécale :

Les femmes sont plus touchées par l’incontinence anale : (conséquences de traumatismes obstétricaux, constipation – plus fréquente chez les femmes – ou troubles de la statique pelvienne expliquent ces différences de prévalence de l’incontinence anale entre femmes et hommes)

  • Quelle perception de l’incontinence et pourquoi le sujet est-il Tabou ?

Quelles qu’en soient les causes, les troubles de la continence sont très difficiles à porter. Si l’incontinence constitue davantage un symptôme qu’une pathologie à proprement parler, il s’agit bel et bien d’une forme de handicap, invisible, mais non moins invalidante, car compliquée à assumer sur le plan social. Les troubles de la continence peuvent être à l’origine de véritables difficultés relationnelles et souffrances psychologiques, conduisant la personne qui en souffre à l’isolement, en raison de sentiments d’insécurité, de crainte du rejet, d’angoisse et d’inconfort éprouvés. Ces troubles demeurent synonymes de tabou social, jugés honteux, dégradants, et conduisant ceux qui en souffrent à le cacher à leur entourage, à mettre en place des stratégies d’évitement et enfin, à tarder pour envisager une prise en charge médicale.

Si l’on prend l’exemple de l’incontinence urinaire, en se basant sur un sondage datant de 2019 [2], près de la moitié des français (43 %) considère l’incontinence urinaire comme un sujet tabou. Plus on est jeune, plus le sujet est perçu comme gênant. 57 % des moins de 35 ans sont de cet avis alors que plus on avance en âge, moins l’incontinence est un sujet gênant. Les 50-64 ans sont 37 % à trouver le sujet tabou alors qu’ils ne sont plus que 30 % après 65 ans.

  • Des perspectives de développement et d’amélioration des solutions existantes en matière de prévention :

L’objectif secondaire de l’enquête était de comprendre les attentes des personnes atteintes d’incontinence en matière de solutions préventives nécessaires à préserver leur qualité de vie. La capacité à prédire la miction avant sa survenue est arrivée en tête des plébiscitassions (42 %).

Le développement d’une technologie « préventive » constituerait un confort majeur pour les personnes souffrant d’incontinence, dont il conviendrait d’étudier la faisabilité.

La filière NeuroSphinx, de par son activité de prise en charge de patients atteints de malformations pelviennes rares, engendrant des dysfonctionnements sphinctériens, est particulièrement sensibilisée à la problématique des troubles de la continence.

Pour aller plus loin, retrouvez nos articles dédiés :

  • La e-santé : un levier précieux pour l’empowerment du patient
  • Poop & Pee  2.0, ou l’ambition de créer un panel d’outils diversifiés au service des patients souffrant d’incontinence

 

Tiphaine Piron – Chargée de Communication – Neurosphinx


[1] « Incontinence urinaire: n’oublions ni les hommes ni les femmes», par Dr N. Jaunin-Stalder, PMU, Lausanne, par Pr A. L. M. lagro-Janssen, Department of primary and community care, Radboud University Nijmegen Medical Centre, Pays-Bas. In Revue médicale suisse 2013;9:1535-1537

[2] Les français et l’incontinence urinaire, étude réalisée par l’Ifop pour l’agence Mille Soixante Quatre, en décembre 2018, auprès d’un échantillon de 1014 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.