« Applis » sur smartphones, objets connectés, réseaux sociaux : l’e-santé bouscule à peu près tous les aspects du monde de la santé. Quels enjeux ? Quelles tendances ? Quels risques ? Doit-on craindre cette intrusion dans nos vies privées ? Change-t-elle la position du médecin ? Dominique Noël, observatrice quotidienne de ce milieu, nous livre ses réflexions.

L’experte : Dominique Noël, présidente du Festival de la Communication Santé, créé en 1990, qui rassemble tous les ans les institutions, associations et entreprises liées à la santé. © D. Noël.

 

LES MULTIPLES APPLICATIONS POUR SMARTPHONES CHANGENT-ILS LA FAÇON DE PRATIQUER LA MÉDECINE ?

On ne peut évoquer le sujet de l’e-santé sans parler du Big Data qui permet de recueillir presque en temps réel une multitude de données avec des capacités de stockage considérables. Dans l’e-santé, l’apport du Big Data est fondamental. Il conjugue la collecte, le stockage et le partage pour qui sait traiter et analyser cette masse de données. C’est le Big Data qui permet le développement de ces outils d’e-santé.

Il y a actuellement 11 000 applications liées à la santé et ce nombre augmente de 4 à 7 % par an. Il faut évidemment distinguer ce qui concerne le « fitness » des maladies chroniques. Mais la tendance est en forte croissance. En 2017, un humain sur deux aura un téléphone mobile. C’est une opportunité formidable.

Il est possible de citer quelques exemples, pêle-mêle tant il y en a. Il sera bientôt possible de faire une échographie à partir d’un téléphone portable ; imaginez le progrès que cela peut apporter dans des zones reculées. Aux États-Unis, il est déjà possible de faire soi-même son électrocardiogramme en tenant son smartphone dans les mains et ainsi de le montrer en temps réel à son médecin. Le vieillissement de notre population – il « naît » en France un sénior toutes les 37 secondes – fait croître le besoin du maintien à domicile des personnes âgées. Et les solutions mobiles font partie de la solution.

Donc, oui, les applications et l’e-santé jouent un rôle crucial pour la prévention, les services à domicile et le suivi des maladies chroniques.

 

LES BRACELETS OU LES MONTRES CONNECTÉES, AVEC DES « APPLIS » DÉDIÉES À LA SANTÉ, APPORTENT-ILS DE RÉELS BÉNÉFICES AUX PATIENTS ?

Capteurs, montres, bracelet, le marché des objets connecté santé a représenté 60 % du marché en 2013. La technologie est en place pour pouvoir surveiller notre santé au plus près. Selon une enquête récente, les médecins sont aujourd’hui 20 % à avoir déjà conseillé un objet connecté à l’un de ses patients.

Tous ces outils nous permettent de nous acheminer vers davantage de prévention. Prévenir la maladie est préférable pour notre qualité de vie, bien sûr, mais également pour les dépenses de santé. N’oublions pas que la médecine curative est de plus en plus ajustée, de plus en plus pointue, et donc de plus en plus coûteuse.

 

QUELS RISQUES PEUT-ON IMAGINER ?

Le plus important est celui de la protection des données privées. Le sujet est aigu pour les objets connectés ou pour les appli déjà incluses dans les smartphones. Comment anonymiser ces données ? Et comment s’assurer qu’elles le sont vraiment ? Est-ce compatible avec l’éthique et le secret médical ? Autant de questions sur lesquelles les autorités compétentes se penchent et légifèrent, ce qui, d’ailleurs, retarde le processus et soulève le point épineux de l’accès aux données très fermé dans notre pays. Enfin, comme en informatique, le risque est que les « pirates » du net s’adaptent aux applications mobiles, ou même en développent eux-mêmes, qui seraient malveillantes.

OBSERVE-T-ON UN CHANGEMENT ENTRE LES PATIENTS ET LEUR MÉDECIN ?

La relation médecin-patient reste et restera au cœur de la pratique médicale. Mais elle évolue de façon plus horizontale et moins verticale. Le patient est acteur de sa santé avec un savoir précis et pratique de sa pathologie et de sa gestion. C’est ce que permet l’e-santé.

Elle est essentielle pour les maladies chroniques. Imaginons un patient connecté. L’équipe soignante a accès à des données personnalisées, structurées et partageables. Les médecins disposent ainsi d’une aide au diagnostic et à l’évaluation du risque. Le patient informé devient donc actif grâce aux différents outils mis à sa disposition, il est en capacité d’améliorer le suivi et donc sa prise en charge.

Le terme e-santé est très vaste. Il couvre aussi le fameux dossier de la télémédecine qui pourra apporter des solutions non négligeables dans certains cas. Mais il nécessiterait un dossier à lui tout seul. L’e-santé ne fait qu’apparaître dans notre quotidien. Ce n’est que le début d’un grand bouleversement …

Par ailleurs,nos habitudes de vie changent et l’électricité contribue grandement à accélérer le déploiement de notre monde et de notre futur. L’implication d’un groupe comme EDF, au travers des prix EDF Pulse, me semble essentielle pour stimuler l’éclosion plus rapide de nouveaux projets autour de l’énergie.

 

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