Frédéric JALLAT

Frédéric Jallat, PhD

Professeur – ESCP Business School

Directeur scientifique – MSc. in Biopharmaceutical Management

Santé : comment communiquer de façon responsable ?

En écrivant « sapience n’entre point en âme malivole (la sagesse ne peut entrer dans un esprit méchant) et science sans conscience n’est que ruine de l’âme », Rabelais posait déjà l’amorce d’une bioéthique, d’un système de valeurs aujourd’hui essentiel, cherchant à concilier compétences scientifiques et rigueur morale.

Ces nobles principes s’appliquent tout autant à la formation, à l’information qu’à la communication en santé.

Savoir communiquer de façon responsable représente un enjeu majeur dans un contexte sanitaire et social marqué par la désinformation et la multiplication de fake news [1], encore amplifiées par certains des moyens technologiques désormais largement accessibles, récemment mis à disposition du plus grand nombre -tout particulièrement l’Open AI dont Chat GPT représente l’un des avant-postes.

A l’heure d’interdépendances accrues et d’un réchauffement climatique dont les effets délétères se font déjà sentir, une communication responsable requiert de savoir informer le public de façon précise, impartiale, sans préjugés en évitant soigneusement exagérations, panique, rumeurs et buzzwords faciles.

Sans jamais devoir être le territoire exclusif des scientifiques et d’un jargon limité aux sachants, les agences et les acteurs de la communication en santé vont devoir parfaire leurs compétences pédagogiques, tâchant d’être factuels et transparents dans leurs assertions, accordant un soin jaloux à la vérification des sources et la fiabilité des informations dispensées.

[1] Pour plus d’informations, on pourra se référer au livre blanc « Les fake news en santé : un enjeu sociétal » réalisé par le MSc. Management pharmaceutique et des biotechnologies – ESCP Business School en partenariat avec le Healthcare Data Institute (HDI) et publié en novembre dernier.

 

Quels sont les grands défis à venir pour la communication santé dans les activités d’enseignement et de formation ?

La communication en matière de santé dans les activités d’enseignement et de formation va être rapidement confrontée à deux défis essentiels : l’appréciation et la gestion de la désinformation d’une part, l’utilisation bien comprise des nouvelles technologies d’autre part.

Les technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle et augmentée offrent déjà de nouvelles possibilités de communication en matière de santé… tout autant que les enseignants soient en mesure de les convoquer et de les manipuler de façon pédagogique, maîtrisée, professionnelle.

Enjeu crucial dans un environnement déliquescent où tout vaut tout, les impératifs d’une formation idoine à la communication en santé sont rendus plus difficiles par l’augmentation significative de la formation à distance et asynchrone. Aux enjeux traditionnels de l’enseignement s’ajoutent de nouvelles façons de gérer l’engagement des apprenants et de s’assurer de leur compréhension sans la possibilité d’interactions directes.

En droite ligne de l’idée première de la maïeutique, le graal dans le domaine serait d’encourager l’interaction en invitant les destinataires à (se) poser des questions et rechercher des informations complémentaires chaque fois que nécessaire.

Tout autant que les spécialistes de la communication, les enseignants et formateurs devront être garants du respect des règles de confidentialité et de protection des données tout en s’assurant que les informations transmises soient adaptées aux modalités d’apprentissage utilisées.

Organisations internationales, agences gouvernementales, experts reconnus, études académiques et scientifiques consacrées par des pairs, la transparence et l’intégrité des données vont devenir essentielles face au constant parasitage de promesses exagérées, volontairement trompeuses, à l’origine d’une pensée magique ou de fausses attentes.

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