A l’heure où le digital et les écrans nous entourent, il est primordial de s’intéresser à l’impact que ces derniers ont sur les enfants. En effet depuis l’apparition de la télé il y a une trentaine d’années, de nombreux écrans ont émergés, comme la tablette et le smartphone, mais aussi l’ordinateur, la console de jeu. Dès leur plus jeune âge nos enfants sont alors confrontés aux écrans, partout, on estime d’ailleurs qu’une famille possède 10 écrans à domicile.

Quels sont vraiment les risques ? Comment accompagner l’enfant au sein cette nouvelle ère ?

Une utilisation en hausse

En 2015, GULLI s’est associé à Ipsos pour analyser en profondeur l’évolution de la consommation des contenus vidéo des enfants de 4 à 14 ans. Cette enquête nommée « Kids & Screens : usages et comportements de la génération vidéo » a révélé que les enfants passent en moyenne trois heures par jour devant les écrans : télévision, tablette, téléphone portable et même parfois les trois à la fois, contre plus de quatre heures d’utilisation le week-end ! Malheureusement, ce chiffre est en constante augmentation. Les écrans deviennent même une source de conflit entres les parents et leurs enfants, ce qui en fait la première raison de consultation chez les psychologues : « Les écrans sont des puissants capteurs d’attention qui surstimulent l’attention visuelle et auditive des enfants » prévient Sabine Duflo, psychologue clinicienne et thérapeute familiale.

Écrans : des conséquences alarmantes

Aux États-Unis, les Instituts nationaux américains de la santé (NIH) ont commencé à examiner les cerveaux de 4.500 enfants pour confirmer le fait que la consommation intense de jeux vidéo et le temps passé sur internet ont une influence sur leur développement. Les premiers résultats de cette étude menée à l’aide d’imagerie par résonance magnétique (IRM) montrent des « tracés différents » dans les cerveaux des enfants utilisant des smartphones, des tablettes et des jeux vidéo plus de 7 heures par jour. Ces études et ces images ont permis de relever un amincissement prématuré du cortex, l’écorce cérébrale qui traite les informations envoyées au cerveau par les cinq sens. Le docteur Jeremy Walsh de l’institut CHEO du Canada confirme le même processus : « Nous avons trouvé que plus de deux heures d’écran chez les enfants appauvrit leur développement cognitif ». En effet, après des tests cognitifs portant sur la mémoire, le langage, la concentration et la réactivité, les résultats ont révélés un lien entre le temps passé sur les écrans et les performances des enfants, mais aussi le sommeil.

De plus, une surconsommation des écrans risque d’entrainer chez l’enfant une pensée « zapping ». Celle-ci résulte d’une pensée trop rapide et superficielle (l’effet « zapping ») et qui créée un désintérêt pour tout ce qui n’est pas numérique, l’enfant s’ennuie alors de tout le monde réel qui l’entoure et peut même commencer à s’isoler.

Enfin, il est important de rappeler que l’addiction aux écrans est malheureusement présente dans certains cas. La confrontation aux jeux, aux vidéos, aux sons et images, libèrent de la dopamine, l’hormone du plaisir, de quoi rendre les plus jeunes littéralement accros aux écrans

Des effets néfastes exclusivement ?

La liste des conséquences et les révélations faites à l’égard des études menées sont en effet préoccupantes. Heureusement, il est tout de même possible de citer des aspects positifs, voire avantageux, concernant les écrans lorsqu’ils sont utilisés de manière adéquate.
C’est pourquoi le psychiatre Serge Tisseron souhaite mettre en avant les aspects créatifs et socialisant des nouvelles technologies : « il y a des pratiques excessives pathologiques mais pas toutes, loin de là. ». Il fait ainsi référence a des programmes éducatifs à la télé, totalement bénéfiques pour l’enfant, le poussant à la réflexion.
L’Académie des sciences de France nous dévoile également les avantages du numérique, sous divers domaines : « des effets positifs considérables améliorant l’acquisition des connaissances et des savoir-faire, mais aussi en contribuant à la formation de la pensée et à l’insertion sociale des enfants et des adolescents ». « Mais » avertit-elle, « une utilisation trop précoce ou une sur-utilisation des écrans a des conséquences délétères durables sur la santé, l’équilibre et les activités futures -intellectuelle, culturelle et professionnelle ».

Autre bonne nouvelle, les écrans ne provoquent pas de troubles visuels ! En revanche c’est leur usage intensif qui donne apparition à des symptômes plus ou moins gênants : fatigue des yeux, picotements, sécheresse oculaire, maux de tête, etc. Selon le Docteur Oliver Laplace, chirurgien ophtalmologiste au Centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts à Paris, une utilisation intensive des écrans peut aussi entraîner des troubles musculosquelettiques avec des douleurs dorsales, des épaules et de la nuque. Dès la moindre plainte, des gestes préventifs s’imposent :se positionner correctement face à l’écran, faire régulièrement des pauses visuelles (notamment en se forçant à regarder au loin), se placer correctement par rapport à la lumière extérieure afin de limiter l’éblouissement, éviter les écrans dans une pièce sombre, « l’ambiance lumineuse est très importante », souligne le Docteur Laplace.
Solutions et Accompagnement La solution

Solutions et Accompagnement

La solution ultime n’est pas d’interdire mais d’accompagner l’enfant dans l’usage des écrans. Le psychologue français Olivier Houdé préconise un accompagnement en adéquation avec l’âge du sujet « il faudrait une pédagogie adaptée à tous les âges, en fonction de la maturation du cerveau et du développement cognitif », chaque chose en son temps. Il est donc possible d’éduquer les enfants aux écrans dès le plus jeune âge à condition d’éviter une exposition passive, tel que les laisser seuls devant la télévision, sans expliquer et dialoguer avec eux sur les images qu’ils reçoivent. Par la suite, il est primordial d’aider les enfants à faire la distinction du virtuel et du réel. Serge Tisseron propose d’adapter la consommation à l’âge des enfants grâce à la règle des 3-6-9-12 : pas d’écran avant 3 ans. Avant 6 ans, pas de console de jeu portable. Pas d’internet avant 9 ans. À partir de 12 ans un enfant peut surfer seul. Mais avec prudence, pas à toute heure et sur n’importe quel site.

Sabine Duflo a mis au point la Méthode des « 4 pas » afin d’aider les parents :
« Pas d’écrans le matin avant d’aller en classe », « Pas d’écrans pendant les repas », « Pas d’écrans avant de s’endormir », « Pas d’écrans dans la chambre ». Tous ces « Pas » favorisent la concentration, le dialogue et le sommeil.

Ainsi, pour que son cerveau se développe afin de se préparer aux apprentissages scolaires, un enfant doit explorer le monde avec tout son corps : bouger, sentir, goûter, toucher, ressentir, tester sa force, etc… Même la plus éducative des applications sur une tablette ne saurait remplacer toutes ces activités essentielles. Le temps passé devant ces appareils ne doit pas empiéter sur le temps consacré aux activités indispensables au bon développement cérébral et physique.

Parents, montrez l’exemple : éloignez vos portables, lisez-leur des livres et surtout, laissez-les s’ennuyer afin de stimuler leur imagination !

 

Eva Soares – Etudiante en MBA Communication & Santé à l’EFAP