LA CROISSANCE DE LA TÉLÉCONSULTATION AVEC LA CRISE DE LA COVID-19

La crise de la Covid-19 a imposé la téléconsultation comme outil indispensable dans les habitudes de soins des patients. En 2020, 19 millions de téléconsultations ont été remboursées contre 60 000 fin 2019 (1). Une enquête réalisée par France Assos Santé et l‘Institut CSA en juin 2021 indique que 30% des Français utilisant internet y avaient déjà eu recours contre 7% avant la crise (2). Les médecins généralistes ont dû s’adapter pour garantir soin et suivi des patients malgré cette distanciation. Le baromètre Medadom publié en janvier 2021 a montré que le recours à la téléconsultation a été multiplié par 6 en un an avec plus de 60 000 médecins – sur les 100 621 médecins généralistes exerçants en France (3) – ayant utilisé la téléconsultation entre janvier et octobre 2020, représentant 3% des consultations totales (4).

Par conséquent, le marché des plateformes de téléconsultation en France s’est déployé et ancré dans les mœurs avec par exemple Doctolib qui en quelques semaines est passé de 1000 consultations par jour à plus de 100 000 en avril 2020 (5), déployant des moyens pour gagner la confiance des médecins généralistes.

TÉLÉCONSULTATION ET MÉDECINS GÉNÉRALISTES : ENTRE CONFIANCE ET RÉTICENCE

Aujourd’hui, 64 % des médecins estiment que la téléconsultation fait partie de leurs habitudes professionnelles et celle-ci satisfait 86 % des professionnels de santé (6).

La confiance des médecins envers la téléconsultation repose (7) :

  • Sur la facilitation de l’accès aux soins sur tout le territoire,
  • Sur la possibilité de réinventer son exercice (priorisation des rendez-vous en présentiel pour les cas “graves”, renouvellements d’ordonnances, suivi de résultats, surveillance de traitements). Cela permet de désengorger les salles d’attente, de diminuer les recours aux urgences et de consulter plus de patients dans une journée du fait d’une durée moyenne de consultation plus courte.
  • Une efficacité́ gagnée pour certains profils de patients (éloignement, handicap, grand âge, chronicité́)
  • Une qualité du diagnostic fiable dans 80 % des cas avec un temps d’écoute optimisé.

Cependant, tous les médecins ne sont pas convaincus du fait de l’aspect trop impersonnel et d’une déshumanisation du métier. Les freins techniques sont confortés par le guide des bonnes pratiques édité en mai 2019 par l’HAS sous-entendant que le praticien doit être capable d’utiliser les outils et de se former, et la nécessité d’utiliser une messagerie sécurisée et un hébergeur de données de santé agréé ou certifié (8). Les difficultés administratives sont également évoquées par les praticiens.

LES LEVIERS UTILISÉS PAR LES PLATEFORMES DE TÉLÉCONSULTATION POUR METTRE EN CONFIANCE LES MÉDECINS GÉNÉRALISTES

Face à ces réticences, les plateformes de téléconsultation ont activé divers leviers d’acquisition. MesDocteurs (9) privilégie la proximité pour expliquer le bénéfice sur l’optimisation du temps médical et rassurer sur les fonctionnalités et la sécurité des données. Pour accompagner les professionnels adhérents, un service d’assistance est disponible, ainsi qu’une formation personnalisée et des tutoriels.

Teledoc Health permet à sa communauté de médecins d’échanger entre eux et de s’enrichir mutuellement (10). Doctolib mise sur des solutions logicielles pour améliorer le quotidien des praticiens d’un point de vue administratif (11).

L’âge moyen des médecins en France utilisant les plateformes de téléconsultation est de 51 ans et beaucoup de médecins de plus de 55 ans jusqu’alors réticents ont sauté le pas avec la crise (9). Les jeunes médecins, même si plus orientés vers l’utilisation du digital ne sont pas forcément plus à l’aise avec la pratique de la médecine à distance. La formation au numérique est donc cruciale. Pour cela, certaines plateformes commencent à intervenir auprès des facultés de médecines. Enfin, Consulib (12) ou Doctolib ont organisé dès 2020 des webinars pour permettre aux médecins d’intégrer facilement la téléconsultation à leur pratique.

Alors que le monde de la santé est en pleine digitalisation, et que la pandémie a incité les patients à se tourner vers la téléconsultation, les médecins généralistes en ont également découvert tous ses atouts.

Quelques réticences sont toujours d’actualité et les plateformes activent divers leviers pour donner confiance aux praticiens dans leur utilisation.

Afin d’avoir une vision plus complète de la confiance dans l’usage de la téléconsultation, il serait intéressant de comparer l’expérience de la pratique de la téléconsultation des professionnels de santé avec celle des patients.