Philippe LAMOUREUX

Directeur Général du LEEM 

 

Quelle est pour vous la définition d’éthique dans la santé ?

Il y a là deux notions qui sont intimement liées, voire même, qui se confondent. Aux origines de la médecine, il y a l’éthique. Prenez le serment d’Hippocrate, texte fondateur de la déontologie médicale, il fait jurer aux futurs médecins « d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité » et les astreint à respecter « toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. » Il est d’ailleurs intéressant de noter que les jeunes médecins du XXIe siècle continuent de prêter allégeance à ce texte du IVe siècle av. J.-C. !

Du serment d’Hippocrate aux lois sur la bioéthique, la médecine navigue perpétuellement entre avancées scientifiques et attentes sociétales. Pourquoi ? Parce que la santé, la maladie, le traitement, la guérison relèvent de l’intime. Pour l’ensemble des acteurs de santé (professionnels de santé, associations de patients, hôpital, industriels du médicament…), il y a un enjeu permanent de compréhension, d’adaptation mais aussi de respect et d’écoute.

Prenons un sujet d’actualité : les vaccins. Malgré une adhésion à la vaccination qui augmente[1], une fraction de la population remet toujours en cause son efficacité. Alimentés par des allégations non fondées, ils en viennent à oublier les bénéfices réels des vaccins. Il convient d’entendre ces doutes, ces inquiétudes mais il faut réagir avec pédagogie et rigueur scientifique. L’éthique en santé, c’est cela. Comprendre les inquiétudes que se posent les citoyens sur leur santé, sur les médicaments… mais en même temps apporter une réponse scientifique incontestable. La santé est un édifice fragile qui nécessite une vigilance de chaque instant. Lorsque le doute s’instaure, c’est l’ensemble de l’édifice qui vacille.

 

Quelle est pour vous la définition de l’éthique dans la communication en santé ?

L’éthique dans la communication santé s’organise, pour moi, autour de deux principes qui peuvent être antagonistes : d’un côté le principe de temporalité propre à la communication – c’est-à-dire un temps médiatique, ultra-rapide, qui circule en flux tendu sur les réseaux sociaux – et, de l’autre l’exigence de prudence, de vérification, que requiert l’information en santé.
Une communication éthique doit s’appuyer sur un contenu vérifiable, scientifiquement fondé et ne jamais tomber dans l’attrait du marketing.

Bref, éviter le mélange des genres entre information et promotion. C’est, à mon avis, le premier principe déontologique qui doit présider à la communication en santé. Acquérir cette discipline, la maintenir malgré la pression médiatique, les tentations de buzz, c’est donner du sens à la communication, c’est avoir un positionnement responsable et transparent dans la diffusion de l’information, c’est un gage de rigueur intellectuel et de vérité scientifique, un élément de différenciation précieux pour capter, convaincre l’auditoire mais surtout la conserver.

 

 

[1] Selon une enquête Leem/Ipsos de juin 2018, 83 % des Français sont favorables à la vaccination en 2018, contre 69 % en 2016.

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