- Présentez-vous en quelques mots
Je m’appelle Paola Craveiro, je suis la co-fondatrice de Vulvae, une startup FemTech (« Female Technology ») dédiée à accompagner les personnes qui souffrent de douleurs vulvaires chroniques dans leur parcours de soins. Avant de monter cette startup dans la santé féminine, j’ai travaillé dans la communication et en tant que manager de l’innovation dans un cabinet de conseil. Personnellement, je suis également militante féministe depuis l’adolescence et je m’engage pour l’égalité femmes-hommes en santé depuis plusieurs années.
- Qu’est-ce qui vous a motivé à créer Vulvae ?
Dans le cadre de mon engagement militant, j’avais créé il y a 4 ans une association dédiée à l’information des patientes sur l’égalité femmes-hommes, ayant pour but d’informer sur les inégalités existantes encore dans les parcours de soins, et de proposer des alternatives de parcours plus simples — en orientant les patientes en errance dans leur parcours grâce à des ressources variées (liens avec d’autres associations de patientes, liens avec des pros de santé, des centres médicaux, etc. ou orientation vers des outils d’accompagnement). Globalement, on a réussi à aider pas mal de patientes, mais c’était très dur de trouver des ressources quand on parlait de douleurs sexuelles, et encore plus de douleurs vulvaires chroniques. Avec mon associé, Paul Morin, on s’est donc dit : « s’il n’y a pas de ressource, on va les créer ». Et c’est comme ça que tout a commencé. On ne pouvait pas se résoudre à rester face à ce constat, on a choisi d’agir !
- Quels processus de communication utilisez-vous pour faire connaître Vulvae et sensibiliser le grand public aux douleurs vulvaires chroniques ?
Très rapidement, en commençant à travailler sur Vulvae, on a vu qu’il y avait un enjeu clé à dépasser : les patientes souffrant de douleurs vulvaires pensent souvent que leurs douleurs sont soit « normales », soit « sans solution », soit « psychologiques ». Elles ne se reconnaissent pas souvent en tant que « patiente » (= personne ayant un problème de santé à soigner avec un·e médecin). Nous voulions donc en priorité faire prendre conscience de ce « statut », et ainsi, déjà, faire émerger notre cible — qui, en fait, n’a pas conscience du problème, du besoin, et des solutions qu’elles sont en droit d’exiger.
Nous avons donc construit notre stratégie de communication en B2C dans un premier temps, pour contribuer à donner corps à leur parole, leurs expériences, leurs parcours — et ainsi permettre une prise de conscience globale. Cela nous a permis aussi de commencer à créer de la donnée, des statistiques, et à faire émerger l’importance du problème : 15% des femmes, c’est +3M de femmes en France, qui souffrent de douleurs vulvaires chroniques. Pourtant : personne ne le sait. On s’est donc dirigé vers les réseaux sociaux, et on a produit des contenus qui permettraient aux personnes de s’identifier, de donner envie de partager et d’agir avec nous. On a aussi travaillé à créer des supports d’information approfondis sur les douleurs, les soins, les parcours, les pros à consulter — et cette stratégie de contenus nous permet aujourd’hui d’attirer beaucoup de trafic organique, rien que par la vulgarisation de l’expertise en vulvologie.
Maintenant que ce premier travail porte ses fruits, nous nous dirigeons plus vers de la communication médicale : réunir les expert·es des douleurs vulvaires autour de nous, et informer ceux et celles qui connaissent peu ces pathologies, pour pouvoir toujours élargir les options de soins et de consultation des patientes — avec des formations médicales, qui sont à la fois des supports de communication et des produits d’information qui vont changer le paysage de la prise en charge médicale.
- Quel message clé souhaitez-vous faire passer aux patientes et aux professionnels de santé ?
Aux patients, je dirai : « vous n’êtes pas seul·e ! ». Vulvae est là, notre communauté de patientes est là ; et notre communauté médicale également. Venez nous voir, nous construirons avec vous votre parcours !
Aux professionnel·le·s de santé, j’aimerais rappeler que la douleur n’est jamais juste « dans la tête », et que, à défaut de savoir identifier la cause, vous avez le devoir d’essayer de soulager vos patientes. Soyez à l’écoute et soutenez vos patientes par l’écoute, à minima ! Ce sera déjà un grand pas pour des patientes vivant des douleurs sexuelles et vulvaires, profondément handicapantes, qui altèrent leur santé mentale, et les empêchent parfois de vivre une vie libre et épanouissante. Soulagez-les, avec des mots et du soutien !