Qu’est-ce que l’Intelligence Artificielle (IA) ?

C’est l’ensemble des théories et des techniques développant des programmes informatiques complexes capables de simuler certains traits de l’intelligence humaine (raisonnement, apprentissage…).

Mais qu’en est-il dans le domaine de la santé ?

Quelle en est l’utilisation pour prendre des décisions et soigner les patients ?

Est-ce que le patient doit être averti de son utilisation ?

Quelles conséquences peut avoir l’IA sur les métiers du soin ?

Quels sont les enjeux éthiques et quelles astuces trouver pour réguler son champ d’action ?

Quels sont ses apports et ses risques de dérives ?

Tant de questions auxquelles le Docteur Jean-Bernard ROTTIER, Ophtalmologue, et David GRUSON, auteur du livre intitulé « S.A.R.R.A. une intelligence artificielle », ont tenté d’apporter des réponses lors de la table ronde organisée le lundi 10 décembre 2018 dans le hall du Pôle Santé Sud du Mans.

 

Dr Jean-Bernard ROTTIER, Ophtalmologue, a présenté la prise en charge ophtalmologique actuelle avec l’IA (suivi des glaucomateux, logiciel de dépistage des rétinopathies diabétiques…). En effet, la pénurie que nous connaissons dans de nombreux territoires pourrait être en partie résorbée grâce à des professionnels formés à bac+3 ou bac+5 (orthoptistes, infirmières de pratiques avancées) aidés par des logiciels d’intelligence artificielle permettant de limiter le recours aux médecins.

 

David GRUSON, ancien Conseiller du Premier Ministre chargé de la santé et Directeur Général de CHU, spécialiste dans le domaine des politiques publiques de santé.

Il s’est beaucoup engagé pour promouvoir une vision responsable de la diffusion de l’intelligence artificielle et de la robotisation en santé.

Son livre « S.A.R.R.A. une intelligence artificielle », premier polar bioéthique sur l’IA, est paru en juin 2018.

 

Une révolution

« L’intelligence va révolutionner l’organisation des soins d’ici à cinq ans », estime le praticien manceau, souvent précurseur dans son domaine. « En mai 2017, un programme informatique, AlphaGo, a battu le champion du monde du jeu de go. C’est-à-dire que l’homme a réussi à élaborer un logiciel capable d’analyse des situations, de raisonnement et de stratégie.

Des programmes sont en cours de développement dans le domaine de la santé, notamment pour le dépistage grâce à l’analyse d’images ».

Pour l’ophtalmologue manceau, l’intelligence artificielle peut avoir un « vrai bénéfice pour une prise en charge de qualité du patient. À terme, un logiciel de dépistage sera capable d’analyser un fond de l’oeil, de dire avec fiabilité s’il est normal ou non.

Dans quelques années, je pense que les ophtalmologues ne verront plus les personnes normales. Ils ne se chargeront plus des contrôles, ils ne prendront en charge que les patients atteints de maladie ». Jean-Bernard Rottier estime que l’intelligence artificielle pourra pallier la pénurie de médecins, « même si ce n’est pas sa finalité première », et libérer du temps pour soigner les malades.

Peur de la disparition des métiers

« Il ne s’agit pas pour le patient d’entrer dans une sorte de Photomaton et d’en ressortir avec un cliché. Faire appel à l’intelligence artificielle nécessite une intervention humaine qualifiée », précise le médecin. Il affirme aussi que cela doit passer par des nouveaux rapports entre les professionnels : ophtalmologues, orthoptistes, opticiens concernant sa spécialité.

« Il faut repenser l’organisation globale du système de prise en charge. Bien sûr l’intelligence artificielle inquiète, quel que soit le domaine, il y a une peur de disparition des métiers ».

Enjeux éthiques, place du patient, apports et les risques de dérives… la discussion, passionnante, a été ouverte à l’occasion de cette table ronde.

 

Laëtitia PINHEIRO , Responsable communication  – ELSAN