En ce mois d’Octobre Rose, où la prévention est à l’honneur, nous aimerions partager avec vous nos réflexions sur cette notion quelque peu rébarbative et proposer de l’aborder différemment, pour la rendre plus effective sur le temps long.

Un constat de succès très relatif

En bonne santé

Lorsqu’on est dans une phase de vie dénuée de problème de santé, on est insouciant.  On n’a pas envie de penser à tout ce qui pourrait nous arriver. On est convaincu que cela va durer, on se sent intouchable, invincible. Pourquoi se polluer l’esprit avec des idées négatives alors qu’on se sent bien ?

Quand on entend « prévention », on ne se sent donc pas concerné, on préfère rester en dehors du sujet. Sauf quand on nous l’impose, comme ce fut le cas pendant la pandémie de Covid-19, où les mesures de prévention ont envahi notre quotidien.

On a pu alors expérimenter à quel point ces gestes étaient pesants, parfois non respectés, souvent mal vécus. Quand bien même les gens en comprenaient le bien-fondé. Dès la levée des obligations, une majorité de personnes a d’ailleurs remisé les masques au placard, espérant bien ne plus jamais avoir à les porter.

Tant que la prévention restera de l’ordre du « il faut », « je dois », pour éviter un événement dont on n’est pas sûr qu’il arrivera, ni à quelle date, ni selon quelles modalités, il y a fort à parier qu’elle ne sera pas suivie dans la durée. Elle prendra très vite fin, comme les bonnes résolutions du début d’année qui ne sont plus qu’un lointain souvenir dès le mois de février.

En déséquilibre

Quand les premiers signes de dysfonctionnement apparaissent, il n’est pas rare de commencer par les ignorer. A moins d’être hypocondriaque et de réagir au moindre petit trouble survenu, on se dit que ça va passer, qu’un peu de repos suffira à rétablir l’équilibre, qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter.

Cette phase de déni peut être plus ou moins longue selon les personnes, certaines pouvant attendre d’atteindre le mur avant d’agir.

Le dépistage et le traitement précoces (prévention secondaire) sont pourtant fortement prônés par les politiques de santé. Pour augmenter les chances de guérison de l’individu quel que soit le type de maladie et pour éviter la contamination d’autres personnes dans le cas des pathologies infectieuses.

Dans la maladie

Quand on entre dans une étape de maladie, la priorité devient alors les soins et l’éradication des symptômes pathologiques. L’organisation et l’application des traitements prennent le pas sur la prévention.

Bien sûr, les patients reçoivent des conseils sur ce qu’il faut faire et ne pas faire en rapport avec les traitements. Mais c’est une prévention très centrée sur la thérapie, pour qu’elle fonctionne, et sur le risque de récidive, pour le réduire au maximum.

Finalement, quelle que soit l’étape de vie où on se situe, la prévention semble avoir pour principal fondement la peur, seule la temporalité change. Long en bonne santé, l’horizon de la prévention se raccourcit fortement une fois la maladie survenue (il faut tout faire pour que le traitement de la semaine prochaine se passe bien).

Mais la peur peut-elle être le moteur de nos actions ? Elle peut certes nous faire agir à court terme ou de manière ponctuelle. Mais elle ne semble pas fonctionner sur un temps long. Elle nous met en effet dans une tension qui n’est pas tenable dans la durée, qui use. Et elle porte sur une situation souvent trop abstraite pour donner envie d’agir.

Un changement d’approche proposé – vers un futur désirable

Pour adopter de nouveaux comportements et les conserver sur la durée, l’esprit a besoin de se projeter dans un futur désirable.

La non occurrence d’une maladie n’en est pas un. A moins de l’avoir déjà vécue et d’en avoir ressenti dans sa chair les effets négatifs, on ne peut pas imaginer ce que la maladie nous ferait vivre. D’autant plus que sa survenance n’a rien de certain.

Que dire à un amateur de junk food en surpoids pour le faire passer à une alimentation plus saine ? Qu’il a un facteur de risque important de développer une maladie cardiovasculaire ou un diabète ou un cancer ? S’il n’a pas vu de très près une personne atteinte d’une telle maladie, et n’a pu réellement toucher du doigt ses impacts, la probabilité pour qu’il change son régime alimentaire est faible.

Il faut l’aider à trouver le futur désirable qui va lui donner l’envie et la volonté d’agir. Faire des balades avec sa famille sans essoufflement, reprendre une activité physique sans douleurs articulaires, remettre le vêtement adoré dans lequel il ne rentrait plus… A chacun son vécu, ses ressorts et ses projections, qu’il convient d’identifier pour être mis en action. Le passage à une alimentation saine ne sera alors qu’un moyen d’atteindre ce futur désirable et non une fin en soi.

Pour accompagner ses patients dans cette phase de maïeutique puis de suivi des actions, une tabacologue de la clinique Clémentville à Montpellier, Barbara Rampillon, utilise ainsi un jeu de cartes (Stop smoking), cocréé notamment avec des patients. Déculpabilisation et adaptation au rythme et aux capacités de chacun viennent compléter cette approche.

Changeons donc les messages autour de la prévention, pour qu’ils ne soient plus arides ni abstraits, mais qu’ils donnent envie d’agir !

C’est ce que nous faisons chez Rue du Colibri (https://rueducolibri.com/).

Nous communiquons sur le bien-être concret apporté aux patients. Ils peuvent s’y projeter aisément puisqu’ils vivent les problématiques que l’on vient résoudre.

Un bien-être physique d’abord, car nos produits sont doux et agréables à porter, ils sont pratiques et facilitent la vie des patients (aux moments de s’habiller et de recevoir les soins) et les maintiennent au chaud pendant les perfusions.

Un bien-être psychologique ensuite, à trois titres. Nos produits enlèvent la charge mentale du choix du vêtement les jours de soins. Ils préservent l’intimité et l’image de soi sans stigmatiser. Ils redonnent l’autonomie d’habillage au patient.

Au-delà de ces bénéfices ressentis par les patients, l’objectif, de prévention tertiaire, est de renforcer leurs capacités à se battre contre la maladie pour arriver mieux et plus vite à la guérison.

Lucie Gueyffier