DONNER DES ELLES À LA SANTÉ a annoncé les résultats de la 4e vague de son baromètre inégalités Femmes/Hommes à l’hôpital réalisée en partenariat avec IPSOS et JANSSEN en mars 2023

 

Les éléments clés :

Les inégalités homme femme à l’hôpital restent très prononcées en 2023, avec plus de 8 femmes sur 10 qui se sont senties discriminées lors de leur parcours (en progression en comparaison à 2022 mais toujours alarmants).

Les éléments de discrimination se perçoivent particulièrement dans l’accès aux postes à responsabilité avec 2 femmes sur 10 s’étant vu refuser des postes du fait de leur sexe et 1 médecin sur 2 qui trouve que les méthodes de nominations à ces postes manquent de transparence.

Concernant les violences sexistes et sexuelles, 78% des femmes médecins ont déjà été victimes de comportements sexistes ou sexuels et cela est constaté par les femmes et les hommes ; avec 2 femmes sur 5 qui n’en a jamais parlé.

Enfin, plus de 8 médecins sur 10 (en augmentation par rapport à 2022) sont sensibles à ces sujets dans leurs établissements et plus de 5 sur 10 se disent prêts à agir en faveur de la parité qui pour 78% des médecins serait bénéfique à tout le monde.

Détails de l’étude :

  1. Le niveau d’insatisfaction professionnelle des médecins hospitaliers s’accroit encore et atteint même un niveau record en 2023, notamment chez les femmes médecin :
    • Moins des ¾ des médecins hospitaliers se déclarent satisfaits de leur vie professionnelle, une satisfaction qui ne cesse de décroitre depuis 2021.
    • L’ensemble des critères de satisfaction de la vie professionnelle sont en baisse avec des niveaux record pour ce qui est du niveau d’avancement et de la rémunération. En revanche, la satisfaction à l’égard de la parité hommes/femmes aux postes à responsabilité est à son niveau le plus haut.
  • Au global, la satisfaction professionnelle des médecins atteint son niveau le plus bas jamais enregistré. A peine plus d’1 médecin hospitalier sur 5 se dit satisfait de tous les aspects de sa vie professionnelle. L’écart homme-femme se réduit.

2) Dans le même temps, l’ambition professionnelle des médecins atteint son plus bas niveau, notamment chez les femmes : la situation de l’hôpital se rait elle en train de forcer les femmes médecins à renoncer à leurs ambitions et à l’égalité ?

    • Dans le même temps, l’attractivité des postes à responsabilités recule aussi de manière significative : une mise en retrait encore plus prononcée chez les femmes.
    • Si la fatigue, le stress et le manque de temps passé avec les enfants restent les principaux motifs de refus de prendre de nouvelles responsabilités, le manque de reconnaissance salariale est la raison qui progresse le plus.
    • Et logiquement, le souhait de démission des médecins hospitaliers reste très fort. Près d’1 sur 2 ferait le choix d’une activité libérale et plus d’1 sur 4 envisage même de ne plus être médecin.
    • Désormais, plus d’1 médecin hospitalier sur 2 qui déclare avoir songé à démissionner de ses fonctions à l’hôpital soit pour une activité libérale soit pour changer totalement de métier : une « tentation » qui touche toujours plus les femmes et, de manière plus inédite, les plus jeunes, qui semblent remettre très tôt en question leurs choix de carrière.

3) Au-delà de leur insatisfaction professionnelle qui restreint leur ambition, les femmes avouent aussi rencontrer plus de difficultés pour accéder aux postes à responsabilité, alors même que les bénéfices d’une parité sont clairement identifiés.

    • Plus de 3 médecins hospitaliers sur 5 déclarent s’être vus proposer un poste avec davantage de responsabilités, une tendance un peu plus forte chez les hommes. Dans le même temps, ¼ se sont vus refuser un tel poste alors qu’ils estimaient le mériter.
    • Moins d’1 médecin sur 2 considère que les règles mises en place pour les nominations à des postes à responsabilité sont transparentes.
    • Les raisons les plus invoquées pour ne pas choisir une femme : d’abord la maternité et plus spécifiquement le fait d’avoir des enfants ou le risque de tomber enceinte. Plus d’1 personne sur 4 avoue même qu’aucune explication n’a été donnée.
  • Et pourtant, la majorité des hospitaliers interrogés s’accorde à dire que le fait de donner davantage accès aux femmes aux postes à responsabilité améliorerait la qualité de vie à l’hôpital : les conditions de travail, la confiance, le climat de travail, la prise en charge des patients et la productivité.
  • Par ailleurs, pour plus d’1 hospitalier sur 2, la présence de femmes médecins à des postes à responsabilités serait positive pour la prise en charge des pathologies et des problèmes de santé rencontrés par les femmes.

4) De l’avis des médecins, les discriminations professionnelles vécues par les femmes s’éroderaient légèrement mais elles restent à un niveau élevé. Ce sont les hommes qui ont surtout le sentiment que la situation s’est améliorée.

    • Les discriminations subies par les femmes enregistrent cette année une baisse significative après 2 années particulièrement mauvaises.
    • Mais dans les faits, l’amélioration sur le front des discriminations est surtout perçue par les hommes et si les femmes perçoivent certaines améliorations, elles restent tout aussi critiques sur les comportements dévalorisant leurs capacités, leurs avis, leur manque d’ambition ou encore leur manque d’accès aux postes universitaires.
  • Sur l’ensemble de leur carrière, le niveau de discrimination vécu s’érode très légèrement et concerne toujours environ 1 femme sur 2. L’internat reste la période durant laquelle les discriminations sont les plus fréquemment vécues.
  • Une légère érosion du niveau de discrimination vécu pendant la carrière qu’il convient de nuancer puisque la proportion de femmes déclarant avoir été «beaucoup» discriminée pendant sa carrière atteint un niveau record :
      • 82% des femmes se sont senties discriminées du fait de leur sexe dans leur parcours : depuis leurs études jusqu’à aujourd’hui

5) En revanche, le niveau de confrontation des femmes à des comportements et des propos sexistes est en recul cette année mais le fait de faire remonter ou de dénoncer ces situations est loin d’être systématique.

    • Le nombre de femmes victimes de propos ou de gestes inappropriés ou d’agressions sexuelles reste à des niveaux élevés mais en baisse par rapport à 2022.
  • Près de 8 femmes médecins hospitaliers sur 10 déclarent avoir été victimes de comportements sexistes et un tiers témoigne de gestes à connotation sexuelle, voire d’attouchements.
  • Moins d’1/3 des femmes qui ont vécu ce type de comportements déclarent en avoir parlé au sein de l’hôpital. Plus grave, près de 2 sur 5 n’en ont parlé à personne.
  • La banalisation des comportements, la gêne et la résignation face à l’inaction de la Direction sont les premières raisons expliquant que les victimes n’osent pas parler.
  • La proportion d’hommes médecins hospitaliers déclarant avoir eu connaissance de comportements sexistes ou encore d’attitudes intrusives ou inappropriées enregistre aussi de réelles baisses : mythe ou réalité ?
  • Et les hommes témoins de ces situations ne libèrent pas encore leur parole non plus : seulement 1 sur 2 a parlé des comportements observés et seulement 1 sur 10 en a parlé à sa hiérarchie ou aux personnes qui sont censées y mettre fin.
  • La banalisation des situations et la mise à distance (ne connait pas / ne veut pas s’en mêler) sont les situations les plus avancées pour justifier le fait de ne pas avoir dénoncer les agissements observés.

6) Des comportements encore peu dénoncés, des sanctions trop rarement prononcées : les effets de la libération de la parole sont encore insuffisants mais les médecins se disent plus enclins à s’engager en faveur de l’égalité femmes hommes.

    • Alors que certains indicateurs tendent à montrer que les situations de discriminations et les propos sexistes semblent en baisse, plus de 8 médecins hospitaliers sur 10 ont le sentiment que ces sujets ont été pris en compte au sein de leur établissement : le début d’une prise de conscience ?
  • Par ailleurs, il y a une augmentation de la proportion de médecins ayant entendu parler d’initiatives mises en place dans leur établissement pour que les victimes de harcèlement dénoncent les comportements subis : seul 1 médecin sur 4 est toutefois concerné.
  • Mais en réalité, dans la majorité des cas, la libération de la parole a encore aujourd’hui peu d’impacts dans la majorité des cas : les comportements délictueux perdurent et aucune mesure n’est prise contre les coupables.
  • Les hommes ayant été témoins de comportements sexistes ou d’agressions sexuelles et déclarant les ayant dénoncé déclarent beaucoup plus que des réponses ont été apportées par leur établissement pour y mettre fin. Toutefois des mesures n’ont été prises contre la personne que dans une minorité des cas.
  • Plus d’1 médecin hospitalier sur 2 se dit favorable au lancement d’une démarche Egalité dans leur établissement (davantage les hommes que les femmes). 4 sur 10 pourraient même aller jusqu’à s’engager dans une association.

Retrouvez les résultats sur le site Donner des Elles à la santé : en cliquant ici


Donner des Elles à la Santé : Marie France Olieric, Géraldine Pignot, Colarine Hingray, Philippe Banyols, Cécile Badoual, Catherine Auzimour, Astrid Chevance, Wissam El Hage, Elsa Mhanna, Sophie Barre, Valérie Perruchot Garcia

Ipsos : Etienne Mercier, Adeline Merceron, Amélie Marmuse