A ta santé Francophonie !
La communication s’écoute, s’entend, se ressent, elle nous raconte aussi. Tout comme notre santé qui nous dit et dit de nous. De cette façon-là, la francophonie nous raconte aussi, nous francophones, francophiles d’ici et d’ailleurs. La valeur culturelle de notre santé pourrait se mesurer à notre capacité à la communiquer, la partager car cela implique notre compétence à l’objectiver, la conscientiser par la science, la partager par le lien, l’agir par l’acte de soin, la diffuser par des messages vérifiés dans un enjeu juste de communication santé. De ce premier pas vers le soin qui est la communication afin de permettre sa compréhension, va se raconter au travers de l’expérience de 4 actrices de santé francophones, 4 paroles, 4 métiers de santé, par une seule voix, celle de la santé, par une langue et une vision commune celle d’une francophonie liée par et d’une santé, engagée dans la recherche, vérifiée et partagée :
Une francophonie qui parle de communication au travers du lien, parole d’Emmanuelle, psychologue clinicienne, spécialisée dans le traitement du trauma. Franco-Australienne :
Dans mon métier de psychologue, elle s’écrit en grand, avec les mots, les émotions, les corps, elle raconte l’histoire, assourdissante aussi dans ses silences. Elle prend place comme nulle part ailleurs, elle tisse le lien, permet le soin. Elle est une stratégie pour mieux occuper sa place, elle raconte la souffrance, l’expérience, le désir et la liberté. Ces mots qui soignent et qui même après ce moment évaporé, accompagneront toute une vie. Je la rencontre aussi la francophonie des patients, de loin de près, apprentissage du français, langue inconnue, repères en mouvement, parler de sa santé dans une langue qui n’est pas maternelle, nous emmène ailleurs dans un espace où la sécurité nécessaire à la santé peut manquer. La vision de la francophonie en santé serait celle garante de cette sécurité portée par la science, celle de l’information juste et d’une éthique de la différence reconnue. La communication porte le lien à la santé, permet la rencontre et la reconnaissance de l’Autre, dans son altérité.
La francophonie conteuse de confiance.
Une francophonie qui parle de l’acte de soin qui préserve la vie, comme le raconte Camille, infirmière de bloc opératoire en Suisse :
Moi infirmière, dit du bloc opératoire, que c’est un univers artistique. De la danse des champs pour protéger le patient et rendre le milieu stérile, en passant par la valse des instruments dans les mains d’un ou d’une instrumentiste, ou encore l’équipe chef d’orchestre derrière les champs qui gère l’équilibre sommeil-douleur-stress du patient, et le chirurgien qui, en silence souvent réalise de ses mains expertes des dissections, rétablissements complexes, anastomoses des plus simples aux plus délicates, … Vous l’aurez compris, ce qui fait le lien de tout cela, ce n’est autre que la communication et ici elle se déploie en francophonie.
Alors voilà, pour moi, le bloc opératoire, c’est une histoire d’amour. On aime le bloc ou on n’y reste pas. On aime ses difficultés de langage autant qu’on peut les détester. Et finalement, le bloc opératoire c’est un peu comme un morceau de musique. C’est rythmé, il y a de l’émotion, chacun a sa place. Il y a un chef d’orchestre, c’est précis, même si on peut aussi parfois improviser, et surtout, quand on est lancé, c’est un art universel. Quelle que soit la langue parlée, on comprend tout ce que l’on voit, le bruit du scope, ce que l’on sent sous ses doigts, ce que disent les yeux du chirurgien. Et souvent, ce que l’on préfère au bloc opératoire, c’est le silence. Car cela veut dire que tout va bien.
La francophonie de l’action en santé.
Une francophonie qui parle de partage à l’international entre les acteurs de la santé, parole de Véronique, key account manager dans un laboratoire pharmaceutique :
Ma communication quotidienne réside dans chacun de ces actes, pour être efficace, elle se doit d’être adaptée aux publics. Elle joue également un rôle dans l’information mais aussi l’éducation avec pour objectif d’améliorer la santé des patients et de limiter les risques.
Aujourd’hui de nouveaux paradigmes de la santé prennent place. La « patient centricity » et « L’empowerment du patient » sont les concepts clés de son développement qui couplaient à l’écoute, à l’identification des besoins et des attentes, à la mise en relation des professionnels de santé nous permettront de coconstruire en partenariat avec l’ensemble des parties prenantes le monde de demain.
Rien ne pourra jamais remplacer l’humain, nous l’avons tous vu lors de la crise du Covid19. L’industrie de la santé est mondiale, elle est aussi en partie francophone et s’inscrit par conséquent dans la francophonie. A nous d’intensifier ces liens au sein de la communauté des pays francophones en facilitant les collaborations basées sur nos pratiques avérées et améliorer ainsi l’accès à la santé. Cette démarche est possible, je le vois au quotidien dans les échanges avec mes collègues à l’international. Elle est même essentielle, enrichissante par le partage de nos expériences et de ce fait impactante.
Je suis une actrice de cet écosystème, engagée et heureuse de pouvoir y contribuer. La Francophonie, une santé qui se partage.
Une francophonie qui parle de recherche scientifique et de communication juste et vérifiée, comme le raconte Soumaya de sa place de médecin épidémiologiste, Franco-Tunisienne.
Pour moi communiquer en santé est un art. L’art de parler d’écouter, d’écrire, de savoir conjuguer les règles de bonne pratique clinique et la compétence de la conversation sociale, savoir appliquer les principes de la conversation verbale et non verbale et l’écoute active, apprécier les niveaux de littératie en santé des patients et être en mesure de sensibiliser, conseiller et éclairer.
Une communication efficace améliore globalement la santé des patients, c’est un fait ! Communiquer efficacement s’inscrit donc au cœur de la pratique clinique, c’est une compétence à acquérir pour tout soignant.
En tant qu’épidémiologiste, la pandémie de la COVID-19 a été le déclic pour moi. Submergée comme tous dans ce monde d’infodémie, l’enjeu de communiquer est devenu une priorité : comment diffuser rapidement les informations exactes reposant sur des bases scientifiques et factuelles à toutes les communautés et en particulier aux groupes à risque ? Comment prévenir et combattre la propagation d’informations fausses et trompeuses tout en respectant la liberté d’expression ? Comment rétablir le lien de confiance ?
La communication et le savoir communiquer en santé ont tout leur sens.
Bien que je sois originaire de la rive sud de la Méditerranée, le support de MA communication a toujours été le français, j’ai commencé à apprendre le français à l’âge de 10 ans mais j’ai rapidement compris la richesse pouvaient me procurer l’interculturalité et le plurilinguisme dans lesquels j’étais baignée. La culture francophone et les valeurs qui y sont associées ont représenté pour moi un outil de construction intellectuelle et d’ouverture relationnelle vers le monde. L’intérêt que je porte à la langue française, en tant que citoyenne du monde, a toujours été très grand, et j’ai fait en sorte que cela coïncide avec mon activité professionnelle : j’ai eu la chance de pouvoir rassembler cette appétence pour la francophonie et un grand intérêt pour mon travail de médecin dans une agence de communication santé francophone.
Pour la francophone et la francophile que je suis, la francophonie n’est pas un facteur identitaire c’est un facteur intellectuel et culturel, c’est un choix du cœur et un amour déclaré.
La francophonie est un choix.
La francophonie en santé aujourd’hui et ses enjeux
La francophonie comme la santé n’appartient à quiconque en particulier, mais à ceux qui s’engagent pour elle, la pense et la panse, la nourrisse et la font grandir au travers de la science diffusée pour le bien des hommes. La francophonie n’est pas l’affaire des seuls Français, elle est l’affaire de tous ceux qui y adhèrent en partageant la langue française. Elle est universelle. En 1962, dans « Le français, langue de culture », Léopold Sédar Senghor disait « La Francophonie, c’est cet Humanisme intégral, qui se tisse autour de la terre ».
La francophonie, ce bien patrimonial, ne permet donc pas seulement le partage d’une langue de culture mais aussi un ensemble de valeurs universelles communes de coopération de solidarité et de développement durable.
Certes souvent perçue comme un héritage, sous le prisme de l’impensé colonial français avec ses intérêts à court et à moyen terme, la francophonie est pourtant née dans la mouvance de la décolonisation, elle s’est étendue à tous les continents regroupant les pays francophones et ceux pour qui l’univers de la langue française symbolise le partage d’une civilisation, d’une culture, d’une littérature, de principes moraux et universels.
La francophonie fait aujourd’hui face à de nombreux enjeux avec le constat de reculs y compris dans les pays pourtant considérés comme des piliers de la francophonie.
Pour y faire face, elle doit asseoir sa position en tant que composante majeure du plurilinguisme mondial et dépasser le cadre de la simple idée de défense de la langue française pour constituer un espace géoculturel d’influence pleinement compatible avec ses enjeux politiques économiques et culturels.
En santé, la vraie interrogation est autour de la promotion de la notion de biens publics mondiaux tels que l’accès à la santé et à l’éducation. La francophonie devrait profiter de la diversité de ses écosystèmes et de son patrimoine linguistique et culturel commun pour répondre aux grands enjeux de la santé dans le monde francophone et plus particulièrement dans l’Afrique francophone. Les enjeux sont grands : de la formation des professionnels de santé, à la santé des femmes, à la mortalité infantile, aux maladies infectieuses, aux maladies non transmissibles telles que le diabète et les cancers, aux maladies mentales, aux addictions, aux accidents de la voie publique aux conséquences des phénomènes migratoires, autant d’enjeux de santé qu’il faudra gérer pour certains et anticiper pour d’autres.
L’espace francophone est riche de ses expériences et expertises à partager dans le domaine de la santé publique, il doit donc pouvoir peser significativement dans les choix stratégiques mondiaux des acteurs publics et privés de la santé. Il doit être un acteur de la coopération sanitaire internationale et un membre de la « Global Health ».
Aujourd’hui, la francophonie s’alimente et survit du choix que font certains peuples de faire du français la langue de communication le support d’une réflexion qu’ils sont disposés à partager avec le reste du monde. L’enjeu est aussi d’entretenir le lien et de maintenir ce choix.
La francophonie en santé une opportunité pour demain
Communiquer c’est reconnaître l’Autre, et être francophone c’est se reconnaître dans une identité qui réunit par ses valeurs communes au-delà d’un pays et d’une culture la santé fondamentale à notre vie, bien commun à tous les hommes. Elle lie les hommes à la vie sans frontières aucunes, plus la communication santé est grande plus elle nourrit le lien porteur de vie.
Camille parle de ce lien d’amour mais aussi de la danse de ce mouvement qui contribue à l’équilibre du bloc, il est aussi celui nécessaire à l’équilibre de la vie, à l’image de ce mouvement à soutenir par la santé en francophonie portée par sa communication juste et éthique. Soumaya en fait un choix, celui du cœur porté par son engagement de médecin. Véronique la voix universelle. Emmanuelle l’imagine faire de son lien une force de création.
De l’envie d’écouter ces voix qui comme les nôtres portent la diversité, et surtout ce désir commun d’une santé diffusée par un langage qui irait au-delà de la simple langue française, celui d’une francophonie forte, vivante mais surtout ouverte.
L’enjeu n’est-il pas aussi d’Apprendre de ces différents pays et peuples qui la portent, la pensent et la reconnaissent; de Participer à une francophonie dont l’identité serait la valeur humaine qui commencerait par sa santé.
Cette identité pourrait demain se parer de confiance, d’innovation et de partage. Ses fondations sont aujourd’hui l’engagement et le lien de ses acteurs en santé.
Une vision : faire de la francophonie une marque de santé.
Emmanuelle BROADBRIDGE Camille BONMARCHAND Soumaya BALBOLIA
Véronique LOGEL
MBA Marketing et Communication Santé, IAE Paris Sorbonne / Almedys Life
https://www.iae-paris.com/fr/mba-mcs