Serge GUERIN
Sociologue,
Professeur à l’INSEEC où il dirige le MSc Directeur des établissements de santé,
Co-auteur de « La guerre des générations aura-t-elle lieu ? », Calmann-Lévy, 2017 et de « La Silver économie », La Charte, 2018.
Quelle est pour vous la définition d’éthique dans la santé ?
Dans une perspective idéale, l’approche de la santé impose une éthique. Et d’abord celle de la sollicitude, de l’aide et de l’attention. Levinas évoquait la notion de « non indifférence du prochain ». C’est une base essentielle. Ensuite, le questionnement éthique doit se confronter au réel : soigner jusqu’où ? Prendre en compte la douleur de quelles manières ? Comment mesurer le prix du soin et quels choix doivent en découler ?
Il me semble que le questionnement éthique doit s’inscrire dans deux voies. D’abord celle de l’autolimitation. Concept que l’on doit à Castoriadis et qui implique des choses interdites même si elles sont techniquement possibles. Ensuite, le deuxième axe concerne la place que doit prendre la personne, la première concernée, celle qui est soignée ou accompagnée. A elle d’être écoutée, de choisir en toute connaissance de cause.
Quelle est pour vous la définition de l’éthique dans la communication en santé ?
D’une manière générale, la communication santé se doit de respecter un contrat avec le public : ne pas créer une promesse intenable.
Par essence, la communication « raconte » plus qu’elle enseigne ou informe. Mais, en particulier dans ce domaine, elle se doit de raconter, de donner à rêver ou à espérer tout en respectant le réel. Notons que les technologies numériques permettent aux personnes connectées de compléter le discours du médecin ou des labos par d’autres sources d’information, y compris via les réseaux sociaux et auprès de pairs. La question centrale étant alors celle de la qualité des sources et des informations. Et cela alors que la prise de distance avec les discours institutionnels et avec la critique très marquée en France des labos (ex du vaccin) est une tendance lourde. Si la tentation complotiste est réelle, il y a aussi une recherche plus positive visant à compléter et enrichir la visite chez le médecin ou les informations diffusées par le monde du soin, qui marque la volonté de se réapproprier son autonomie en santé. De vouloir instiller de la démocratie dans la santé, dans sa santé.
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