Mme Elisabeth BRETON

Criminologue, formatrice en gestion du stress,

Directrice du Centre de formation Elisabeth Breton,

Relaxologue, Réflexologue,

Conférencière et auteure.

Docteur Alain JACQUET

Stomatologie – chirurgie maxillo-faciale

Investigateur essais cliniques

Département Pharmacologie – Essais cliniques – CHU de Bordeaux

Je m’appelle Élisabeth Breton. Je suis diplômée de criminologie, mon premier métier. A ce titre, il m’a été demandé de prendre en charge des détenues et leurs proches, car elles posaient des problèmes en raison du stress provoqué par la détention. Peu de solutions pour les autorités pénitentiaires, en dehors des médicaments, avec des résultats globalement médiocres et des effets indésirables non rares. Ayant eu personnellement l’occasion de recourir à la réflexologie pour des soucis mineurs, également liés au stress, je gardais un bon souvenir de l’apport bénéfique que j’avais alors ressenti. Je me suis formée à la réflexologie afin d’explorer cette solution auprès de détenues et de leurs proches, en arguant que c’était un moyen simple, sans médicament, et sans effet indésirable possible. Les résultats bénéfiques ont largement dépassé mes espérances. Je décide de compléter mes connaissances en ostéopathie (techniques réflexes spécifiques que j’ai adapté au massage réflexe). Toujours autant passionnée par la réflexologie, je décide d’ouvrir une école de réflexologie.

Des écoles, il y en a beaucoup. Mais AUCUNE d’entre elles n’est alors reconnue par l’État. D’un naturel très exigeant – criminologie oblige – j’ai alors décidé que créer une école ne suffisait pas : il fallait qu’elle s’inscrive dans le RNCP du Ministère. Le RNCP est une qualification donnée par le Ministère (Répertoire National des Certifications Professionnelles). Pour une école, cela veut dire que le futur métier de ses élèves est un métier reconnu par l’état. Concrètement, le terme « réflexologue » peut alors figurer sur « la plaque » et sur les documents professionnels, alors que sans le titre RNCP le terme « réflexologue » ne peut pas être utilisé. Il est néanmoins systématiquement utilisé par tous les réflexologues (en particulier sur leur plaque) alors que c’est interdit si leur école n’a pas le label RNCP. Or, cette époque, AUCUNE école n’est labellisée RNCP. Je commence alors un travail de longue haleine, en me rapprochant de nombreux médecins universitaires pour l’enseignement (par exemple, pour parler du Système Nerveux Central qui est la clef de voûte de la réflexologie).

En 2016, j’assiste à un congrès sur le burnout organisé par les Dr Dalle et Lamboley. J’y rencontre le Dr Alain Jacquet, qui travaille dans le département de pharmacologie clinique du CHU de Bordeaux (Pr Nicholas MOORE). Il expose les résulats d’un essai clinique publié dans la presse médicale internationale (The Journal of International Medical Reseach – Volume 43 – February 2015) et je découvre, un peu ébahie, les contraintes et les difficultés d’un essai clinique conduit avec la même rigueur qu’un essai clinique « médicament ». Subitement, pour moi, aucun doute. Si la réflexologie veut être reconnue comme une partie intégrante du système de santé, il est INDISPENSABLE de « s’accrocher au wagon » et de conduire des essais cliniques rigoureux respectant les normes internationales de la pharmacologie clinique. Seul moyen de pouvoir en publier les résultats dans une revue médicale de qualité avec comité de lecture.

Les démarches pour la certification Titre RNCP de mon école aboutissent, et c’est la PREMIÈRE école de réflexologie à obtenir cette référence étatique (journal officiel). Depuis, cinq autres écoles ont suivi ma démarche. Je demande alors au Dr Jacquet de former les élèves de mon école, et de leur apprendre les démarches à suivre pour conduire un essai clinique. Cinq séances sont alors organisées à Paris au cours desquelles sont présentées les procédures des essais cliniques « médicaments : protocole, critères d’inclusion et de non inclusion des patients, critères de sortie d’essai, échelles à utiliser obligatoirement validées à l’international, consentement éclairé à signer par les patients, analyse statistique (à réaliser par une société de stat spécialisée en « essais cliniques), cahier d’observation et rigueur de son remplissage, etc…

Nous décidons alors de mettre au point un essai clinique sur le burnout, non déclaré, uniquement pour s’entraîner. Un protocole et un cahier d’observation, conformes aux procédures « médicaments », sont rédigés. L’essai est mis en route. Correction des cahiers d’observation, relevé des erreurs et correction après explication. Maintenant habitués aux contraintes des essais cliniques, nous décidons de mettre en route un essai clinique sur l’apport de la réflexologie chez des sujets présentant des Troubles Fonctionnels Intestinaux (TFI). Le Docteur Jacquet nous donne son accord, à une condition : suivre les mêmes procédures que pour un essai « médicament ».

Rédaction d’un protocole, en utilisant le score de Francis (validé à l’international). Il prend en compte quatre items : Mal au ventre – Distension abdominale – Fréquence des selles – Perturbation de la vie « en général ». Plus cinq items complémentaires : Émission de gaz – Impression de mauvaise digestion – Constipation – Aérophagie – Diarrhée, cotés de 1 à 4.

Conception et mise en forme du cahier d’observation (avec pages auto-carbonées), et le tout est envoyé au Ministère. Réponse favorable : l’essai est accepté. Il convient alors (obligatoire) de soumettre le projet à un Comité de Protection des Personnes (CPP). Les Comités de Protection des Personnes sont chargés d’émettre un avis préalable sur les conditions de validité de toute recherche impliquant la personne humaine, au regard des critères définis par l’article L 1123-7 du Code de la Santé Publique (CSP).Il y en a environ quarante en France, couplés à un CHU (il peut y en avoir deux ou trois dans un même CHU). Ils sont composés de médecins (dont un pharmacologue et un statisticien) et de personnes s’intéressant à la recherche clinique (nommées par la Préfecture). Le choix du CPP est réalisé par un logiciel (Ministère), aléatoirement, et nous devons soumettre notre projet au CPP de Marseille. Courrier du Président du CPP de Marseille qui nous remercie d’avoir détaillé avec autant de minutie le protocole, car aucun de ses membres ne connait la réflexologie. L’essai est accepté à une condition : peaufiner l’analyse statistique prévue, insuffisante. Nous nous rapprochons d’une société spécialisée en essais cliniques (SOLADIS), qui reprend et renforce les conditions de l’analyse. L’essai est définitivement adopté et enregistré à l’international par la Ministère sous le numéro ID RCB-2018A01267-78.

Inconvénient : l’analyse stat initiale devait être réalisée par l’un de nos proches (sans frais) alors que le devis de SOLADIS s’élève à 12 000 € … pour une analyse bien plus complète (un rapport d’analyse statistique très élaborée peut contenir plus de deux cents pages).

Problème : nous ne sommes qu’une école de réflexologie, nous n’avons rien à vendre, nos seuls revenus sont représentés par les frais d’inscription que payent les élèves, et nous ne savons pas comment faire face aux frais, importants, générés par un essai clinique (rédaction du protocole et du cahier d’observation, qui nécessitent le recours à un médecin pharmacologue, et les frais importants de l’analyse statistique). Sans partenaire, possible que nous n’y arrivions pas, alors que nous sommes convaincus que c’est « notre seule planche de salut » pour être reconnus.

L’essai est commencé, après une ultime réunion explicative avec les réflexologues devant y participer. Tous se passe au début sans problème mais … la pandémie du Covid 19 nous met « des bâtons dans les roues » : pas mal de sujets inclus sont contaminés, le PASS sanitaire interdit toute sortie, et de nombreux sujets inclus doivent être « sortis d’essai » en raison du non-respect des dates de contrôle, ce qui est un critère de sortie d’essai. Plusieurs mois de retard s’accumulent, et les inclusions ne peuvent reprendre que beaucoup plus tard, quand tout s’est un peu calmé. Fin des inclusions en décembre 2023.

Conclusion : si nous voulons que la réflexologie puisse jouir d’une reconnaissance vis-à-vis des médecins et des autorités de tutelle, il faut être capable de « jouer dans la cour des grands » en mettant en œuvre des essais cliniques validés par le Ministère et une CPP. Seul moyen de pouvoir publier dans des revues médicales fiables, faute de quoi toute reconnaissance officielle est impossible.

Un autre moyen de faire reconnaitre la réflexologie comme un complément utile aux soins médicaux est de publier des ouvrages chez des éditeurs fiables avec « comité de lecture ». C’est pourquoi, outre quelques articles, nous avons publié cinq ouvrages :

Élisabeth BRETON et Docteur Joakim VALÉRO :

  • « Réflexologie et troubles fonctionnels ». 2022 – 448 pages – Éditions DUNOD

Les éditions DUNOD font partie du groupe Hachette, et sont spécialisées dans les ouvrages de formation universitaire et professionnelle.

  • « Le stress, ça vous parle ? Comprendre son histoire et ses mécanismes ». 2021 – 116 pages – Éditions VIE

Élisabeth BRETON :

  • « Réflexologie pour la forme et le bien-être ». 2014 – 92 pages – Éditions VIE
  • « Réflexologie, un vrai remède au stress ». 2014 – 108 pages – Éditions VIE
  • « Réflexologie faciale et crânienne ». 2015 – 72 pages – Éditions VIE

 

Docteur Alain JACQUET :

  • « « Mémoires insolites d’un médecin bordelais »- Éditions Le Lys Bleu – 388 pages – édition prévue fin 1er trimestre 2024.

 

Au terme de la présentation de ce combat pour donner à la réflexologie les lettres de noblesse qu’elle mérite, je voudrais surtout dire qu’il ne faut jamais baisser les bras. C’est un travail chronophage et difficile mais, à terme, c’est l’immense satisfaction du devoir accompli pour faire reconnaitre un « créneau de soin » jusqu’ici vilipendé.

À CONSULTER : 

Docteur Alain JACQUET :

« Mémoires insolites d’un médecin bordelais »- Éditions Le Lys Bleu – 388 pages – édition prévue fin 1er trimestre 2024 ».
Mémoires insolites d’un médecin bordelais