Source : Réalité-virtuelle.com
des Français sont « convaincus que le développement des outils numériques dans le domaine de la santé permettra d’améliorer le parcours du patient à l’hôpital ». C’est en tout cas ce que révèle le dernier baromètre « L’hôpital de demain », réalisé par Odoxa L’Opinion Tranchée (Institut d’études indépendant) pour Orange, MNH Group, et Le Figaro Santé.
En résumé, les Français souhaitent un développement des outils numériques dans la santé à la fois pronostiqué et plébiscité pour l’avenir. Pour preuve, les Français, utilisateurs comme professionnels de santé sont déjà très friands de la santé connectée. 52% des français utilisent ou ont déjà utilisé un outil numérique dans le cadre de la prevention des risques pour leur santé (ABC de la santé connectée, édition 2017). Côté professionnels de santé, ils sont déjà plus de 70% à utiliser leur smartphone pour établir leur prescription par exemple.
Appartenant à ces outils, la réalité virtuelle ou « virtual reality » (VR) est une technologie qui permet de plonger une personne dans un monde artificiel créé numériquement par ordinateur.
Chacun d’entre nous connaît la réalité virtuelle, ne serait-ce que par les jeux vidéo qui permettent aux gamers, comme on aime les appeler, de se plonger dans ces mondes souvent fantastiques via un simple casque.
Mais quel est le lien avec la santé ? En quoi cette technologie de loisirs peut-elle se présenter comme l’avenir de la santé ?
Il se trouve que de nombreuses innovations ont vu le jour et la réalité virtuelle a dépassé le cadre strict du jeu vidéo pour s’intéresser à d’autres secteurs comme le voyage, l’immobilier ou encore la santé.
Il est désormais possible grâce à ces procédés d’aider les fumeurs à diminuer leur dépendance. Le principe est simple. Après des séances permettant aux patients de gérer leur anxiété et de résister à la tentation, les fumeurs en sevrage sont placés dans des lieux virtuels tels qu’un bar ou un restaurant. Cette balade dans un environnement interactif permettrait aux fumeurs de se délaisser petit à petit de la cigarette en sachant affronter des situations similaires dans la vie courante.
Plus largement, la réalité virtuelle serait bénéfique pour tout type d’addiction et de troubles anxieux (peur du vide, de prendre l’avion…), en y appliquant les mêmes procédés. L’accoutumance et la gestion du stress permettraient de diminuer sensiblement certaines de ces phobies. Un essai clinique a d’ailleurs été développé à l’AP-HM (Assistance publique des Hôpitaux de Marseille) piloté par le service psychiatrique du Professeur Lançon à l’hôpital de La Conception.
Les grandes entreprises s’emparent également du phénomène et des marques à l’image de Samsung, géant coréen spécialisé en électronique contribue au développement de cette technologie. En partenariat avec l’hôpital « Gangnam Severance Hospital » basé à Séoul et le développeur de contenus FNI, l’entreprise a pour but de développer un programme de diagnostic et surtout de thérapies comportementales cognitives contre les maladies atteignant la santé mentale.
A Londres, l’hôpital « Royal Trinity Hospice » propose à ses patients en phase terminale de réaliser leur « dernier rêve ». Au-delà de pouvoir s’échapper de la réalité, la VR possède des effets très bénéfiques sur leurs souffrance et anxiété et a donc des vertus thérapeutiques au- delà du simple gadget. Pour vérifier cela, l’établissement spécialisé auprès des patients en fin de vie procède à une évaluation de la souffrance avant et après l’expérience. Il s’avère que le degré de souffrance des patients diminue, et c’est le cas notamment pour des patients atteints de cancers douloureux, qui évaluent leur degré de souffrance à 8/10 avant l’immersion et à seulement 3/10 après.
Au-delà des patients, la réalité virtuelle aide également les professionnels de santé. Plusieurs applications existent, notamment pour les internes en médecine, l’avenir de la profession. Des programmes de mise en situation, comme le fait d’être plongé dans un service d’urgence sont de plus en plus courants. Ils permettent d’analyser la prise de décisions de ces médecins en devenir mais aussi d’évaluer leurs prises de décisions et les actes réalisés en situation de stress.
Également, les étudiants peuvent assistés à des opérations chirurgicales en étant immergés dans un bloc opératoire. Ce système permet alors d’offrir une vision 360° des mécanismes complexes du corps humains. La réalité virtuelle semble être un outil précieux de formation.
La VR semble ainsi pouvoir s’appliquer à différents programmes et s’inscrit de plus en plus dans le paysage thérapeutique français et international.
Malgré ces applications variées, certains experts restent cependant plus prudents face à la réalité virtuelle. Ils pointent du doigt non-pas les bienfaits de celle-ci mais plutôt les limites qui peuvent encore exister et qui freinent actuellement le développement de cette technologie. Benjamin Vautier, senior UX (expérience utilisateur) designer chez Publicis Health rappelle que « les outils actuels restent très gourmands en terme de ressource. Un casque relié à un très bon ordinateur est nécessaire pour avoir une bonne expérience. Nous ne sommes en outre pas encore bien habitués à être en immersion trop longtemps. Il existe encore beaucoup de problèmes liés à l’oreille interne, qui empêchent d’être immergés plus de 30 minutes ».
En termes d’expérience patient, Benjamin Vautier regrette que « les UX designer soient trop peu inclus dans la création de ces applications et dans l’impact que cela prodigue ». Des études sérieuses établies par des psychologues pourraient selon lui permettre de mieux comprendre les biais, les axes d’amélioration et d’optimisation que peuvent demander ce genre de technologie.
Au-delà des ressources nécessaires il rappelle également que « les coûts de production des applications immersives doivent évoluer pour améliorer les processus et accroître l’accessibilité et la faisabilité pour les laboratoires qui produisent ce genre de technologie ».
La bascule dans l’ère de l’agilité numérique et plus particulièrement de la réalité virtuelle s’inscrit bel et bien dans le paysage technologique en matière de santé; des avancées considérables voient en effet le jour. Des progrès, notamment en terme de coût et de ressource restent cependant à accomplir.
Le Laval Virtual était, à ce sujet particulièrement attendu. Le salon de référence de ces évolutions et le leader européen dans les domaines des nouvelles technologies et usages du virtuel, accueille chaque année un panel d’experts dans le but de partager les résultats de leurs travaux. Ce salon, qui se déroulait le 4 avril 2018 en Mayenne a présenté le meilleur des innovations et l’avenir de ces technologies. Dans la catégorie Environment & Health, “Holoforge Interactive”, et son partenaire Exelus, ont reçu le prix de la meilleure application pour la solution mobile de télémédecine, Nomadeec portée sur HoloLens. Avec cette solution, les paramédiaux (ambulanciers,secouristes, pompiers) peuvent désormais activer des interfaces holographiques à la voix ou au geste afin d’accueillir et surtout transmettre un bilan complet de la victime à un médecin distant, avec lequel il peut également enclencher une téleconsultation.
Léo Dewaele
Étudiant en MBA Spécialisé Communication et Santé