Lionel Reichardt fait partie des influenceurs les plus actifs au sujet de la santé numérique. Mais cette fois, lors du dernier Festival de la communication santé, il n’était pas sur la scène pour cela. Il a accepté de parler de son expérience de patient, vécue à l’hôpital à l’occasion de la pose d’une valve cardiaque. La réflexion sur la communication n’est jamais loin, avec un peu de digital et beaucoup d’humain.
Un expert du secteur de la santé qui raconte son expérience personnelle d’hospitalisation est un moment d’humilité souvent assez savoureux. Parfois même un peu cruel car rien de l’écart entre la théorie et la pratique ne lui échappe. L’économiste Jean de Kervasdoué, ancien directeur des hôpitaux, l’avait formalisé en 2004 à sa manière dans un livre (« L’hôpital vu du lit »). Lionel Reichardt, lui, l’a fait en dix minutes sur la scène du théâtre du casino de Deauville, le 29 novembre dernier, lors des 30 ans du Festival de la communication Santé.
Aux premières loges des qualités et défauts du système
Tout y était : la grande qualité médicale des équipements et des équipes, la chance de pouvoir bénéficier en France de soins de haute technicité et de ne rien avoir à débourser pour cela… Mais aussi le manque d’information donnée au patient, la course au court séjour, les problèmes de communication du dossier du patient entre deux services voisins, l’organisation de la prise en charge avale du patient sans lui demander son avis…
Si le numérique apparaît comme une solution pressante pour améliorer certaines phases de la prise en charge, en particulier pour la prévention, l’échange des données et l’organisation, l’essentiel des remarques et des réflexions de Lionel Reichardt porte sur le décalage du niveau de communication humaine entre les équipes soignantes et les patients.
Encore et toujours la communication humaine
« Les médecins étaient tous super zen. Ils sont très entrainés, ils en font des centaines par an. Pour eux, la chirurgie cardiaque, c’est de la tuyauterie, s’amuse-t-il. Mais, moi, je ne voyais pas du tout les choses de la même façon. Pour moi, on allait me charcuter et j’imaginais la disqueuse remonter du sternum jusqu’en-dessous du menton. Et cela ne me plaisait pas du tout que l’on arrête mon cœur pendant 40 minutes à 1 heure pour trifouiller dedans ! »
Et Lionel de conclure : « Toute la relation entre le corps médical et moi se sera déroulée ensuite sur ce mode, entre attentes et interprétations différentes des situations. » En somme, à ce qui fait toute la difficulté de la première communication qui soit, la communication humaine. On en revient finalement toujours là… comme tous les projets et opérations primés ce soir (le 30 janvier) lors de la remise des prix du Festival de la communication Santé.
Renaud Degas – La Veille