Interview : Philippe Lamoureux Directeur général du Leem

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La transparence, jusqu’où ?

La France a franchi, en septembre 2017, une étape majeure dans la transparence des liens d’intérêts entre les entreprises du médicament et les professionnels de santé. Après les avantages et rémunérations publiés depuis 2012, ce sont désormais les montants des contrats conclus entre les laboratoires et les médecins qui sont portés à la connaissance du public sur le site

www.transparence.sante.gouv.fr .

Comment réagit l’industrie ?

Le Leem s’est toujours montré favorable à la transparence des liens d’intérêts comme vecteur d’intégrité et de confiance. En dépit de contraintes techniques très exigeantes, nos entreprises ont mis en oeuvre les moyens nécessaires à la publication des liens. Il est essentiel à nos yeux de répondre aux attentes de la société en matière de transparence. Cette réglementation est aussi pour nous l’occasion d’expliquer l’utilité des relations de travail entre les professionnels de santé et les laboratoires pharmaceutiques.

Ces relations sont indispensables. Il n’y a pas de mise au point de médicaments possible sans une collaboration étroite avec des médecins. Les protocoles d’essais cliniques se font avec eux et avec leurs patients.

Quel impact faut-il en attendre sur l’image des laboratoires ?

La transparence nourrit la confiance, mais l’effet n’est ni automatique ni immédiat. C’est un processus qui demande du temps. Le médicament est aujourd’hui le secteur industriel le plus drastiquement encadré. Pourtant, l’opinion publique confond encore la notion de lien de travail, qui est le signe du dynamisme de la recherche dans notre pays, avec celle de conflit d’intérêts qui fausse une décision publique. Malgré tous les efforts, l’image d’opacité du secteur reste tenace. C’est probablement dû à la complexité des sujets de santé, mais c’est aussi parce que la transparence sans la pédagogie peut générer de la confusion. Le site public Transparence.gouv comporte 10 millions de lignes : toutes les dépenses à partir de 10 euros y sont consignées ! Comment interpréter des informations aussi nombreuses ?

Le Leem a lancé en octobre une campagne de publicité. Dans quel contexte s’inscrit-elle ?

Pour la première fois depuis 15 ans, nous avons décidé de nous adresser directement aux Français. Il s’agit d’un véritable tournant dans notre communication. Les entreprises du médicament souffrent, en effet, d’un déficit d’image largement lié à la méconnaissance du secteur et de sa contribution au progrès thérapeutique. Or, 7 000 nouveaux médicaments sont actuellement en développement dans les laboratoires pharmaceutiques. Il nous a semblé légitime – pour ne pas dire nécessaire – de le dire…

Qui plus est, dans un contexte de polémiques qui finissent par faire oublier l’essentiel : le médicament soulage, soigne et guérit. Au travers de cette campagne, le Leem nourrit une conviction forte : l’innovation thérapeutique doit être partagée avec le plus grand nombre.