« À l’avenir, l’information en santé sera de plus en plus vérifiée, éthique et transparente »
Le Festival de la communication Santé met en lumière, chaque année, les actions des acteurs de la santé et récompense leurs campagnes. La 30e édition, qui a réuni plus de 600 participants, s’est tenue les 29 et 30 novembre à Deauville. Les prix ont, quant à eux, été remis le 30 janvier 2020 à Paris. Entretien avec Dominique Noël, Présidente du Festival.
À l’occasion du Festival, 80 campagnes de communication ont été présentées devant 9 jurys d’experts. 37 projets ont été primés. Quelle est la portée de ces récompenses ?
Dominique Noël : Les Prix de la communication en Santé sont, pour les équipes ayant lancé une campagne de communication en santé, une reconnaissance de leur travail. Et ce d’autant plus qu’ils sont sélectionnés par des jurys d’experts à la fois éminents, indépendants et bénévoles. Le Festival leur offre une belle caisse de résonnance et un relais dans les médias grâce à l’ensemble de nos partenaires presse et de nos soutiens via les réseaux sociaux.
Le Festival réunit, année après année, un nombre toujours plus importants de participants. Quelle est sa force ?
D.N. : Nous sommes un Festival indépendant, un peu atypique aussi, au sein duquel nous pouvons tous, patients, entreprises, professionnels de santé, institutionnels et journalistes, débattre et nous exprimer sur un pied d’égalité. Nous sommes dans une société très compartimentée où nous ne communiquons pas beaucoup entre nous, faute de temps ou d’opportunité. Le Festival a vocation, avec ses débats, ateliers et espaces de networking, à nous réunir, dans un cadre bienveillant. Il nous donne également l’occasion d’échanger sur nos métiers et sur un certain nombre de bonnes pratiques. Nous avons ainsi eu à cœur, en 2019, d’aborder le sujet des fake news et des dérives sectaires qui, en santé, peuvent être criminelles. C’est le cas de celles incitant à ne pas faire vacciner les enfants, par exemple. Or, de nos jours, avec Internet, elles peuvent faire le tour du monde en quelques clics. Nous devons donc veiller à ce que des informations claires et scientifiquement vérifiées puissent être diffusées, afin d’aider chacun à s’informer et à aiguiser son esprit critique.
Quel regard portez-vous sur les différentes mutations qu’a connue la communication en santé ces trente dernières années ?
D.N. : Le Festival fait figure de grand témoin de l’évolution de la communication en santé, marquée par l’essor du numérique et, surtout, des réseaux sociaux. Les messages sont désormais diffusés tous azimuts. La communication en santé n’est plus seulement multicanale, mais omnicanale. C’est un phénomène que nous étudions de près. De nouveaux acteurs sont également apparus. De plus en plus d’entreprises, par exemple, communiquent sur leurs valeurs et leur éthique, y compris en matière de bien-être, de santé et de développement durable. Les patients sont, eux aussi, entrés dans le paysage. Il y a plusieurs raisons à cela : les pathologies autrefois mortelles deviennent de plus en plus chroniques et les patients entendent concilier leur vie personnelle et professionnelle avec leur maladie ; ils souhaitent également se réapproprier leur santé et leur parcours de soins. Ils ne peuvent donc plus, aujourd’hui, être écartés d’une campagne de communication. Enfin, force est de constater que la règlementation qui régit la communication en santé s’est considérablement durcie ces dernières années.
Comment voyez-vous l’avenir de cette communication ?
D.N. : Avec l’avènement des nouveaux médias, nous constatons qu’il y a de plus en plus d’immédiateté de l’information en santé. Celle-ci doit toutefois être éthique. Je pense donc qu’à l’avenir, elle sera de plus en plus vérifiée, éthique et transparente. Ce sera notre meilleure arme contre les fake news.
Qu’avez-vous prévu pour la prochaine édition du Festival ?
D.N. : Le Festival vient de fêter ses 30 ans. Pour la prochaine décennie, je souhaiterais le faire évoluer et nous sommes d’ores et déjà en train de réfléchir à une nouvelle formule. Cet événement fonctionne bien. Le nombre de participants augmente chaque année et, les 29 et 30 novembre derniers, nous étions 650. J’en suis heureuse, mais je ne voudrais pas qu’à force de grandir, le Festival perde son âme. Il doit rester un lieu de réflexions, de discussions et d’échanges en B to B. Nous devrions en dévoiler un peu plus dans les semaines ou mois à venir.
Propos recueillis par Nathalie Ratel
37 lauréats
Au total, 37 projets ont été primés jeudi 30 janvier 2020. Les grands vainqueurs de cette 30ème édition sont l’AFEF et SOS HÉPATITES pour leur campagne « Du bruit contre l’hépatite C » qui repartent avec le Grand Prix du Festival. Le « Coup de cœur » est quant à lui revenu à l’Association nationale jeunes aidants ensemble (JADE). Pour découvrir l’intégralité du palmarès 2019 et leurs travaux, cliquez ici.
Interview faite par Renaud Degas – La Veille