« Nous ne sommes pas là pour accompagner les start-ups mais pour mettre en place des projets avec elles, pour co-développer avec elles », souligne Ségolène Perin, directrice innovation d’Elsan, intervenue lors d’une table ronde organisée le 5 février 2019 dans le cadre du Live d’Innolab, une soirée dédiée au living lab du groupe de cliniques français, par le biais duquel plus de 15 pilotes et 7 projets d’envergure nationale ont été lancés en partenariat depuis sa création fin 2015.
Après les pitchs de trois entrepreneurs partenaires d’Elsan (Doctoconsult, Medusims et Sivan Innovation), qui ont présenté leurs solutions et abordé leur collaboration avec Innolab, des représentants de Bpifrance, de Docaposte, de Domicalis et d’Elsan ont détaillé les modèles de collaboration mis en place avec les partenaires institutionnels du groupe. L’occasion d’évoquer les enjeux de l’accompagnement des start-ups dans le secteur de la santé ainsi que les réussites, tel que l’assistant Adel lancé au CES 2019 par Elsan et Docaposte, et les difficultés rencontrées par les différents intervenants.
E-santé : prendre en considération le temps d’adoption des nouveaux usages
« La santé numérique a une valeur médicale. Avec le fonds Patient autonome (doté de 50 millions d’euros), nous cherchons à soutenir des start-ups françaises dans ce secteur dont les solutions ont un impact sur les coûts de santé », explique Chahra Louafi, directrice du fonds lancé fin 2017 par Bpifrance, partenaire d’Elsan.
L’objectif de ce fonds est de « détecter des nouveaux usages et d’accompagner leur lancement rapide et pérenne sur leur marché, après un travail de structuration efficace », précise-t-elle sur la page de présentation de l’initiative, accessible sur le site de Bpifrance.
« Nous ne maîtrisons pas totalement le secteur du digital car il s’agit d’un nouveau marché » (Ch. Louafi, Bpifrance)
Chahra Louafi reconnaît par ailleurs qu’une émergence sur le marché de la e-santé n’est pas forcément évidente. « Nous ne maîtrisons pas totalement le secteur du digital car il s’agit d’un nouveau marché », note-t-elle, ajoutant qu’il faut prendre en considération dans le processus de déploiement d’une solution le temps d’adoption de ces nouvelles technologies, dont l’usage est encore limitée dans le monde de la santé.
Une démarche d’open innovation
Frédéric Savino, CTO de l’éditeur de logiciels médicaux Domicalis, acquiesce. « Le temps d’adoption et de transformation est très important mais l’écosystème actuel a permis un développement actif de notre société », nuance-t-il, évoquant les bénéfices apportés par l’alliance de Domicalis avec Elsan, Vivalto santé et le prestataire de santé à domicile Domco-Homeperf, une « démarche d’open innovation » qu’il estime stimulante.
Rebondissant sur les propos de Frédéric Savino, Ségolène Perin précise qu’Elsan a une « grosse responsabilité » en tant que co-créateur de projets novateurs. « Nous sommes le dernier chaînon avant les patients, rappelle-t-elle. Il y a bien sûr des réussites mais nous rencontrons aussi des difficultés pour mettre en place certaines solutions. »
La directrice innovation d’Elsan a par ailleurs expliqué que le groupe ne disposait pas d’un modèle précis de partenariat. « Chaque partenaire est unique, nous bâtissons sur mesure nos collaborations. »
Innolab : 15 projets lancés en partenariat
L’incubateur Innolab, créé en 2015 par Elsan, a pour objectif d’évaluer un large spectre d’innovations (santé connectée, dispositif médical, génomique, etc.) dans une optique de co-développement des solutions repérées avec les entrepreneurs concernés.
Depuis le lancement d’Innolab, 350 start-ups ont été reçus et plus de 20 projets lancés en partenariat, dont 7 à l’échelle nationale, notamment dans les domaines de la médecine personnalisée et de télémédecine.
Au début du mois de janvier, Elsan et Docaposte ont présenté Adel (acronyme d’Assistant digital Elsan) à l’occasion du CES 2019. Cette application mobile, qui propose au patient un accompagnement personnalisé au quotidien tout au long de son parcours de soins, a permis aux deux groupes de décrocher le titre de 2ième influenceur mondial au CES, « devant Google et juste derrière Intel », révèle David de Amorim, directeur innovation à Docaposte.
Les deux entreprises ont noué un partenariat national stratégique au premier semestre 2018 afin d’accélérer le déploiement de la e-santé en France dans les territoires. La sortie d’Adel en est une des concrétisations.
Elsan et Docaposte conjuguent leurs ambitions pour « accélérer le développement de la e-santé en France »
« [Cette alliance] avec Elsan est née autour d’une idée très simple : il n’y a pas que les start-ups qui innovent, commente David de Amorim. Il est impossible au XXIe siècle d’imaginer être un acteur qui résiste dans cet écosystème si on ne devient pas une entreprise numérique et largement innovante. C’est un peu le challenge qui nous a rassemblé avec Elsan. »
Le responsable ajoute que l’idée est de conjuguer les ambitions des deux groupes, d’une ampleur respective importante, « pour accélérer le développement de la e-santé en France, créer des infrastructures, des autoroutes numériques qui vont permettre de déployer des innovations. C’est ce que nous avons fait avec Elsan dans le cadre du programme Adel : pour la première fois, un projet signifiant en e-santé va être développé au niveau national ».
David de Amorim explique que le secteur de la santé est au cœur de la stratégie de développement de La Poste. « Le groupe a décidé d’y aller à fond dans une logique de partenariats industriels. Cela signifie que nous prenons aussi notre part de risque. Nous avançons en apprenant au jour le jour, en co-construisant avec nos partenaires. Quand ce genre de projets fonctionne, nous aboutissons à des réussites comme Adel. »
Cécile David – Health&Tech Intelligence