L’émergence de la société de consommation dans les années 60 a profondément transformé la vie des Français. Les techniques de production et le développement de la grande distribution ont permis aux ménages d’accéder à de nombreux biens et services. Ce modèle de croissance est aujourd’hui remis en cause. Près de neuf Français sur dix souhaiteraient « vivre dans une société où la consommation prendrait moins de place », selon le baromètre réalisé en 2019 par Greenflex et l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).
De plus en plus de consommateurs délaissent les grandes surfaces pour se tourner vers de nouveaux modes de consommation. Soucieux de leur santé et de leur environnement, les Français font le choix de consommer moins mais mieux, surtout avec la crise sanitaire que nous vivons actuellement. Quels sont ces nouveaux modes de consommation ?
Les circuits courts, des consommateurs de proximité
Aujourd’hui, on constate une expansion des circuits courts ; un mode de consommation très répandu avant l’arrivée des grandes surfaces dans les années 60. Ils connaissent depuis une quinzaine d’années un nouvel essor. Plus attentifs aux modes de production ainsi qu’à l’origine des aliments qu’ils consomment, les consommateurs reviennent s’approvisionner directement auprès des producteurs locaux.
Selon le dernier recensement agricole du ministère de l’Agriculture qui a eu lieu en 2010, 21% des exploitants vendent une partie de leur production en circuits courts. Cela concerne une grande partie des filières agricoles : le miel et les légumes (50% des exploitations impliquées) et les fruits et le vin (25% des exploitations). Les formes que peuvent prendre ces circuits courts sont variées telles que la vente à distance, la vente à la ferme ou encore la vente sur les marchés.
La vente à distance joue un rôle prépondérant dans l’accroissement des circuits courts, par exemple, « La Ruche qui dit Oui » est un site internet qui permet d’acheter directement aux producteurs partout en France. Chaque semaine, « La Ruche » donne rendez-vous à ses consommateurs dans tous les quartiers de France pour qu’ils puissent retirer leurs commandes et rencontrer les producteurs. Ce site internet nous propose sur ses différents réseaux sociaux (Facebook, Twitter, YouTube) et sur leur blog des astuces, des recettes, des interviews de producteurs et maraîchers mais aussi de grands chefs tels que Thierry Marx. De plus, l’année passée, ils ont lancé le hashtag #FourchettePower pour inviter toutes les personnes qui le souhaitent à partager sur les réseaux sociaux leurs bonnes initiatives, leurs achats responsables… À cette occasion, un filtre Facebook avait même été mis en place.
En raison de la situation sanitaire actuelle, les ventes à la ferme et sur les marchés sont mises à rude épreuve. Pour contrer ces difficultés, « Le Marché Vert », une carte collaborative qui recense toutes les initiatives sur le territoire français, a vu le jour. On y retrouve des initiatives déjà existantes ou bien mises en place récemment telles que la vente à la ferme, des épiceries paysannes, des points de collecte, de la distribution de paniers, des marchés ayant obtenu une dérogation du préfet, etc. Une nouvelle démarche qui permet aux Français de trouver au plus près de leur domicile différents points de vente et favoriser la participation au développement d’une économie de proximité.
« Voir que nous sommes soutenus par les Français et découvrir ces initiatives nous donnent envie de nous surpasser encore plus et de faire prospérer le commerce de proximité » affirme L. Blanchet, productrice bio et vendeuse sur les marchés.
Les distributeurs bio et vrac, des consommateurs plus engagés
En 2016, près de 60% des établissements scolaires ont servi des plats à partir de produits biologiques. Ils n’étaient que 46% en 2011 et seulement 4% avant 2006.
En effet, depuis 20 ans, il y a eu une progression du marché bio, comme le confirme une récente étude du Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie). En 2018, 70% de la population avait acheté au moins un produit issu de l’agriculture biologique au cours des six derniers mois, contre 44% en 1998. Les fruits et légumes demeurent les produits biologiques les plus consommés, suivis de près par les produits laitiers et les œufs. Plus de 9 Français sur 10 ont déclaré avoir consommé des produits biologiques en 2018. Le marché des produits alimentaires biologiques est en hausse de 15,7% par rapport à l’année 2017 et a atteint près de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018.
Historiquement la distribution des produits biologiques s’est structurée à travers un réseau de magasins locaux spécialisés. En 2018 la distribution bio comptait près de 2 700 magasins (répartis sur l’ensemble du territoire français). Ceux-ci forment un circuit compétitif, toujours mieux achalandé et marqué par le taux de croissance le plus fort du segment de la distribution avec +24%.
« En tant que productrice, nous avons à coeur de produire nos produits de façon plus responsable. Cela fait maintenant 4 ans que nous avons décidé de nous mettre à l’agriculture biologique […] un choix qui concerne la protection de la fertilité de l’environnement ainsi que le respect de nos consommateurs » indique L. Blanchet.
Contenu de la situation actuelle, nous nous rendons compte que le bio et l’origine des produits sont de plus en plus importants. L’inquiétude sanitaire pousse de nombreux consommateurs à se tourner vers des produits perçus comme meilleurs pour la santé. « Les gens ont besoin d’être rassurés […] » indique Guillaume Riou à l’AFM, président de la Fédération nationale des agriculteurs bio (FNAB).
Pour cela, de nombreux sites internet communiquent sur les réseaux sociaux et dans le métro afin d’attirer les consommateurs. C’est le cas de Greenweez qui a comme objectif de rendre le bio accessible à tous avec une campagne « positive et légère ». En effet, depuis plusieurs semaines nous pouvons voir diverses affiches dans de nombreuses stations de métros à Paris et à Lyon.
Tout comme les produits bio, les produits en vrac séduisent de plus en plus les consommateurs français. Le projet de loi relatif à l’économie circulaire définit la vente en vrac comme « la vente au consommateur de produits présentés sans emballage, en quantité choisie par le consommateur, dans des contenants réemployables ou réutilisables ».
Chaque année, 38 millions de tonnes d’ordures sont déposées sur le trottoir, soit près de 500kg par personne. Le plastique représente une source de pollution majeure. Du fait de cette dégradation massive, l’achat en vrac s’ancre progressivement dans la société. Ainsi, selon l’étude du Crédoc, en 2018, 45% des Français ont acheté au moins un produit alimentaire en vrac au cours des six derniers mois, contre 32% en 1998.
Pour favoriser le développement du vrac, des pionniers ont développé des applications pour permettre de trouver plus facilement les lieux pratiquant ce type de commerce. En effet, si cette pratique commence à se répandre, il n’est pas toujours simple de trouver des lieux de vente à proximité avec une offre satisfaisante. Pour cela, il existe « TupTop », une application pour découvrir autour de soi des magasins et des restaurants qui acceptent les contenants ou qui proposent leurs produits dans des emballages consignés. Elle est gratuite et permet à tout utilisateur de trouver des produits de consommation adéquats en fonction de plusieurs catégories (céréales, épices, produits laitiers, fruits et légumes, etc.).
Il existe aussi « Zero Waste App », une application internationale pour permettre aux consommateurs de repérer toutes les zones de vente en vrac à proximité de leur position dans le monde entier.
Avec le développement des applications, on constate que la sensibilisation croissante des consommateurs aux enjeux écologiques a favorisé le retour de la vente en vrac.
Nous pouvons affirmer que le consommateur, au fil des années a su se forger une nouvelle identité, plus exigeante et plus sélective. L’évolution de la société a, inconsciemment, fait apparaître le consommateur moderne. Ces nouveaux modes de consommation émergent en France et chaque année nous remarquons que les Français sont de plus en plus attirés par celles-ci. De ce fait, le client d’aujourd’hui ne rejette pas la consommation mais il souhaite s’investir d’une meilleure manière.
Mélissa CHOLLET, Étudiante en MBA Communication & Santé EFAP
Références :
- https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2019/02/AgenceBio-DossierdePresse-Barometre2019.pdf
- https://www.insee.fr/fr/statistiques/1372376?sommaire=1372388
- https://www.credoc.fr/publications/consommation-durable-lengagement-de-facade-des-classes-superieures
- https://laruchequiditoui.fr/fr
- https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/en/node/647
- https://www.entreprises.gouv.fr/etudes-et-statistiques/enjeux-et-perspectives-la-consommation-collaborative
- https://presse.ademe.fr/2019/09/barometre2019-de-la-consoresponsable.html?hilite=%27greenflex%27
- https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/la-deconsommation-sinstalle-pour-les-produits-du-quotidien-1128301
- https://www.gouvernement.fr/et-si-on-produisait-tous-moins-de-dechets
- https://www.terre-net.fr/actualite-agricole/economie-social/article/des-modeles-agricoles-en-perpetuelle-evolution-202-152992.html