Quelles ont été les avancées majeures de la communication santé dans les 30 dernières années ?
L’accès aux moteurs de recherche en ligne et aux informations sur internet a révolutionné le mode d’information des médecins, des chercheurs mais aussi des patients. La communication « terrain » à l’ancienne a fait place au virtuel et à l’immédiateté. Cette révolution s’est faite de manière exponentielle avec la multiplication des modes de communication, d’abord sur les sites spécialisés ou institutionnels, puis de manière plus débridée, sur les sites personnels, blogs, et maintenant réseaux sociaux, qui revendiquent parfois une légitimité du seul fait de leur audience.
Cette avancée ne s’est pas faite sans dommages collatéraux puisque la qualité des informations a fait place à la quantité et ensuite cette quantité a trop souvent fait table rase de la qualité en relayant fake news, infos sensationnalistes, conspirationnistes, mercantilistes ou autres fantaisies desquelles le grand public, ou même certains professionnels ont du mal à percevoir le danger.
La prochaine révolution dans la communication santé devra être la combinaison de l’excellence du contenu (avec la sélection d’experts habilités et formés à l’exercice) avec la forme la plus adaptée à l’audience choisie, que ce soit sur le type de média, sa diffusion, son format ou même son esthétique. Pour rendre la justesse et la clarté au discours et toute la portée qu’il mérite.
Quelles devraient être, selon vous, les axes à privilégier dans la communication santé dans les 30 prochaines années ?
En tant que scientifique, je me suis toujours donnée comme priorité de vérifier mes sources et d’avoir un maximum de données pour prendre des décisions et des orientations. Je pense que cette justesse de l’information est la clé, dans un monde où la course aux clics prime sur la véracité des contenus. Cela n’empêche en aucune façon de traiter de tous les sujets, fussent-ils tabous ou censurés comme celui dont je porte la cause (mon travail de reconstruction par le tatouage artistique en 3D des mamelons après une mastectomie est souvent censuré, car je montre des tétons tatoués sur les réseaux sociaux) à partir du moment où on garde un ton sincère, honnête et qu’on n’a pas peur de le tinter d’humour ou d’esthétisme pour le rendre aussi attrayant !
L’axe premier pour moi reste l’intérêt des patients, et cela reste la colonne vertébrale de toutes mes actions de communication ou d’action. Garder cette seule notion en tête quand on prend la parole pour eux ou par eux, est un enjeu de taille !
